Le marché des produits alimentaires enregistre depuis quelques jours des hausses des prix, aussi subites, qu’excessives, qu’aucune cause objective ne saurait expliquer et, encore moins, justifier. Il y aurait sans doute une main invisible derrière cette forte flambée, supputent déjà pas mal d’observateurs qui sont exprimés sur les réseaux sociaux et dans certains journaux. Ces augmentations inattendues affectent une très large gamme de produits de large consommation, parmi lesquels, le sucre, les féculents et les produits d’entretien sont les plus lourdement impactés.
On serait évidemment tentés d’imputer ces augmentations de prix, à la dérive du dinar, aux ajustements des prix des carburants entrepris à la fin de l’année 2019 et à certains désagréments causés par la pandémie de coronavirus, mais ces derniers ne sauraient justifier, à eux seuls, toutes ces flambées de prix qui de part leurs consistances (plus de 40% pour certains produits), et leur rapidité, donnent l’impression d’avoir été préméditées par on ne sait quel cercle de décision. C’est probablement la conviction du président de l’association de protection et orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), le docteur Mustapha Zebdi, qui a estimé à l’occasion d’une récente interview accordée au journal l’Expression, que « ces surprenantes hausses de prix dépassant dans certains cas 40%, sont franchement exagérées ». Il appelle le gouvernement à intervenir pour sauver le pouvoir d’achat des algériens qui n’était déjà guère brillant, avant cette nouvelle déferlante inflationniste qui menace de jeter des milliers d’algériens dans l’extrême pauvreté.
Le président de l’APOCE situe le point de départ de cette flambée des prix au 1er janvier 2021. Elle fut appliquée de concert par pratiquement tous les commerçants algériens, comme si cette décision était le résultat d’une large concertation.
Il est vrai que les grossistes en produits de large consommation nous ont habitués à des hausses de prix qu’ils opèrent à chaque début d’année en jouant sur les confusions générées par les lois de finances, mais cette année, il y a eu ni décision fiscale, ni augmentation de carburants susceptible d’impacter immédiatement les prix de tous ces produits en grande partie importés. Il y a eu certes une dévaluation d’environ 11% du dinar par rapport au dollar, mais cette dernière qui n’a été mise en application qu’au début du nouvel an, n’a pas eu le temps d’impacter les nouveaux contrats d’importations. Les produits objet des spéculations ont été importés en 2020 et la dévaluation en vigueur durant cette période a été largement répercutée sur les prix finaux. Ajouter la dévaluation de 2021 serait illégal et, dans tous les cas, assimilable à une escroquerie punie par la loi !
Pour se justifier, certains commerçants évoquent aussi les augmentations des prix des matières premières importées, mais cela ne tient pas la route, car à supposé que ces augmentations soient réelles, elles ne sauraient en aucun cas atteindre les 40% de hausse qu’ils ont arbitrairement décidés de faire subir à pratiquement tous les produits de large consommation. En réalité les produits qui viennent d’être affectés par des hausses de prix, proviennent de stocks constitués en 2020, ce qui prouve bien, l’intention probablement concertée de ces commerçants indélicats, de spéculer délibérément.
Pour le président de l’Association de Protection des Consommateurs, ces hausses de prix constatées sont intervenues de façon inattendue, pour ne pas dire sauvages. Les commerçants s’étaient pourtant engagés par écrit, à ne pas augmenter leurs prix, ne serait ce, que d’un centime, affirme le docteur Mustapha Zebdi, qui craint un effet boule de neige qui pourrait soumettre à rude épreuve le pouvoir d’achat, déjà très faible, des algériens.
Cette inflation délibérément provoquée au moment où le peuple algérien est en proie à une grave crise sanitaire qui a déjà détruit des milliers d’emplois et réduit considérablement les revenus du capital et des salaires, risque d’avoir de très lourdes conséquences sur le front social qui s’enflammera quais automatiquement dès lors que ces hausses de prix deviendront insupportables au regard des familles subitement reléguées dans l’extrême pauvreté..
Le gouvernement algérien qui n’a bizarrement pas encore réagit, face à ce grave et puissant assaut des spéculateurs, a tout intérêt à y mettre fin au plus tôt, s’il ne veut pas récolter un dangereux effet boomerang. Pour ce faire, le président de l’APOCE recommande la convocation d’urgence d’une réunion avec tous les concernés. « Le gouvernement doit intervenir pour contrôler et comprendre ce qui s’est réellement passé et sanctionner ceux qui ont versés dans la spéculation. Une solution doit être impérativement trouvée pour éviter la faillite des algériens » avertit-t-il solennellement.