La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a indiqué, dans un entretien accordé au quotidien arabophone El Khabar, que « la maladie du président et son absence sont un facteur qui augmente l’incertitude ».
« On suppose que la santé du président, comme c’est le cas dans les pays qui fonctionnent sur la base d’un niveau minimum de transparence, est une question que les citoyens ont le droit de se poser », a estimé Louisa Hanoune.
Dans cette affaire, elle dénonce « la culture du système héritée de l’époque du parti unique », qui perpétue le secret sur cette question, précisant que « le problème cette fois-ci est que la maladie du président est venue dans le contexte d’une crise politique et sociale sans précédent, à laquelle s’est ajoutée la crise sanitaire, qui a créé des conditions dangereuses ».
Mme Hanoune a observé à quel point il est frappant de voir les ministres, au milieu de tout cela, agir dans leurs secteurs « au gré des caprices. », ajoutant : « nous voyons des décisions très dangereuses dont dépend le sort du pays ».
Ces décisions sont spécifiquement liées à l’orientation économique, estime la secrétaire générale du PT qui cite par exemple la privatisation, faisant ainsi allusion à l’annonce faite par le ministre des Finances concernant l’ouverture du capital de deux banques publiques, « comme une prétendue solution pour apporter de nouvelles ressources pour faire face à la crise », a-t-elle ajouté.
Louisa Hanoune a également déploré l’absence « d’enveloppe budgétaire dans la loi de finances 2021 pour sauver les entreprises, créer des emplois et améliorer le pouvoir d’achat », pour faire face aux » « ravages laissés par le confinement sanitaire ».
Elle a dénoncé le fait que le gouvernement ait décidé « d’arrêter les projets de développement tout en prétendant lutter contre les zones d’ombre », en précisant que « le secteur de la santé en difficulté a vu son budget augmenter seulement de 2 milliards de dinars dans la loi de finances, tandis que la Covid 19 a révélé l’ampleur du sabotage qui a affecté le système de santé et le déficit fatal en moyens matériels et humains pour y faire face ».
Elle a ajouté que malgré la détresse sociale qui touche la majorité de la population, « la loi de finances prévoit une augmentation des prix d’électricité, d’eau, de carburant et de tourisme ».
Mme Hanoune a proposé de rompre l’accord de partenariat avec l’Union européenne, ce qui permettrait, selon elle, au trésor public de récupérer 2 milliards de dollars par an.
Elle propose également de collecter d’énormes montants d’impôts impayés du secteur privé et confisquer les sommes fictives résultant de la surfacturation d’importation qui dépassent, selon la secrétaire générale du PT, 20 milliards de dollars par an.
Elle estime que « ces mesures permettent de garantir confortablement quatre budgets annuels sans politique d’austérité ni même de dépendance aux revenus des hydrocarbures ».
Mme. Hanoune a indiqué que le véritable État ne cherchait pas de solutions faciles, car grâce à un confinement « anarchique », le pouvoir a détruit ce qui restait de l’économie nationale.
Le problème n’est donc pas lié à l’épidémie, mais plutôt à l’incapacité du gouvernement à l’affronter, a dénoncé Louisa Hanoune.
Pour elle, le gouvernement s’est servi du confinement « pour prendre des décisions injustes et non patriotiques et pour faire adopter des amendements au code pénal pour faire taire et confisquer les libertés ».
Interrogée sur le renvoi en cassation de l’affaire de Saïd Bouteflika dans laquelle elle a été jugée, Louisa Hanoune a indiqué que cette fois, elle s’attend à être innocentée et à « une réhabilitation complète ».
Elle a ajouté qu’ « il y a des erreurs fatales d’un point de vue juridique qui devraient conduire à la nullité de l’affaire dans son ensemble ».