Les bonnes nouvelles en provenance des grands laboratoires pharmaceutiques ont fait bondir le prix du baril de pétrole d’un peu plus de 7 dollars en l’espace d’à peine 10 jours. Le Brent est en effet passé de 39,67 dollars le baril le 10 novembre dernier à 47, 82 , hier à News York. Le pétrole WTI a, quant à lui, fait un bond spectaculaire de 8 dollars en passant de 37,56 à 45,5 dollars sur la même période.
Il faut dire que l’annonce de la découverte de vaccins efficaces et opérationnels à très court terme,a effectivement de quoi emballer les places financières,qui voient enfin poindre une possible reprise de l’économie mondiale et la gigantesque demande en énergies qui va avec. Les vaccins de Pfizer et d’une dizaine d’autres grands laboratoires pharmaceutiques, dont on loue déjà une efficacité supérieure à 90%, ont produit une euphorie quasi immédiate, du fait que leur inoculation à des milliards d’êtres humains, est censée libérer comme par enchantement, les entreprises et les ménages étouffés par la crise sanitaire, ainsi que, les millions d’avions et autres gros consommateurs de carburants, cloués au sol pour la même raison.
La baisse inattendue des stocks de brut américains et l’approche du prochain sommet de l’OPEP qui prévoit de réduire cette année encore les quotas de production, ne sont également pas étrangers à cette subite remontée des cours de l’or noir.
Si ce subit bond des cours du pétrole a de quoi réjouir les pays producteurs d’hydrocarbures, il n’est toutefois pas bien sûr qu’il dure dans le temps, du fait qu’il ne résulte pas d’un déterminisme structurel, mais seulement, d’un effet psychologique non adossé à une forte reprise de la demande mondiale. Pour l’heure, rien n’a en effet bougé sur le terrain de la confrontation entre l’offre, largement excédentaire de pétrole, et la demande, toujours plombée par une crise économique mondiale qui s’éternise. Mis à part la Chine qui enregistre depuis peu un léger regain de croissance, tous les pays industriels et émergents, peinent à redémarrer à cause de la pandémie de Coronavirus. Un phénomène qui pourrait durer au minimum une année encore, après la mise sur le marché de ces vaccins, estiment pratiquement tous les experts qui se sont exprimés sur le sujet. Dans tous les cas, la reprise ne sera que progressive, avec des délais et des intensités de reprises inégaux, d’un pays à l’autre.
Entre temps, les récents gains de prix enregistrés sur le marché du pétrole, ont déjà incités les producteurs d’hydrocarbures de schistes qui avaient abandonnés leurs puits, à reprendre leurs activités, voire même, à explorer de nouveaux gisements. L’offre de pétrole va donc automatiquement augmenter du fait de ces productions additionnelles.
Les conditions d’une reprise de la demande n’étant encore réunies, les prix du baril seront quasi automatiquement tirés à nouveau vers le bas. C’est dire qu’il ne faut pas trop compter sur cette éphémère remontée des prix qui repose en grande partie sur l’espoir d’une prochaine arrivée des vaccins anti Covid-19.
Si elle constitue un événement bénéfique pour les américains, l’arrivée des démocrates au pouvoir n’est, par ailleurs, pas faite pour réjouir les pays pétroliers qui, comme l’Algérie, dépendent quasi exclusivement des recettes tirées du commerce des hydrocarbures. Le programme électoral du nouveau président américain repose en effet, sur le développement des énergies renouvelables qui va changer, du tout au tout, le mode de consommation énergétique des États Unis et de nombreux pays qui ne manqueront pas de les suivre sur cette voie écologique. La volonté politique de Joe Biden est claire et les échéances de la transition énergétique fixées de manière à ce que les énergies renouvelables prennent le dessus sur les énergies fossiles, dans les dix années à venir. Le parc automobile, les logements et les équipements publics ne consommeront à terme, que ce type d’énergies.
A plus ou moins long terme, l’avenir du pétrole semble donc compromis. La chance reviendra désormais aux pays qui sauront effectuer le plus rapidement et judicieusement, cette mutation. L’Algérie qui regorge de soleil et de vent, à la possibilité de le faire, pour peu que la volonté politique existe. C’est précisément ce qui semble manquer aujourd’hui en dépit de la création d’un ministère, expressément destiné à ce louable dessein. Aucune information précise ne nous étant parvenue de ce ministère, qui semble avoir choisi la voie de la discrétion plutôt que celle de la communication, on ne connaît à ce jour, ni le programme, ni les échéances de réalisation des projets retenus par l’Etat algérien et ses éventuels partenaires. Tel que parti, le primat des énergies fossiles sur les énergies renouvelables, semble donc avoir encore de belles années devant lui.