Quand regagnera t-il l’Algérie qu’il a quittée pour de longs soins dans un hôpital allemand? Dans quel état de santé reviendra t-il? Sera t-il en mesure de reprendre son travail avec toute la force physique et mentale que requiert la très lourde charge de chef d’Etat d’un pays qui regorge de problèmes, les uns aussi compliqués que les autres? Qu’adviendra t-il ,si son traitement exige encore plusieurs semaines de soins et que les apparences de guérison ne pourront même pas être simulées par les médias aux ordres? Pourquoi c’est seulement la présidence et jamais des médecins qui informent les algériens de l’état de santé de leur président? Pourquoi les télévisions étatiques ne donnent jamais d’images du président en convalescence?
Ce sont autant de questions que se pose légitimement le commun des algériens dans un climat anxiogène, aggravé par les ravages du Coronavirus, la mise en veilleuse de l’action gouvernementale, les premiers signes concrets de la crise économique et, bien entendu, la répression des acteurs du Hirak qui donne l’impression d’un pouvoir qui joue volontairement à la provocation.
En un peu plus d’un mois d’absence du chef de l’Etat, la situation de l’Algérie s’est en effet beaucoup dégradée, aussi bien, à l’intérieur du pays où la Covid-19 fait des ravages, qu’à l’extérieur, où de très graves problèmes géostratégiques pourraient faire basculer, du jour au lendemain, le pays dans l’irréparable.
En effet, les hôpitaux sont envahis par les malades du Coronavirus et ne sont plus en mesure d’accueillir de nouveaux patients qui, bien souvent, succombent à l’entrée même des centres hospitaliers. L’insuffisance d’équipements respiratoires, la pénurie d’oxygène médical et l’épuisement du personnel hospitalier, ont transformé nos hôpitaux en mouroirs. Le black-out médiatique imposé par les services de sécurité parvient certes, à cacher à l’opinion publique la dramatique situation dans laquelle se trouve les hôpitaux algériens, mais il ne contribue en réalité qu’à précipiter leur déclin « loin des yeux, loin du cœur »!!!
Incapable de faire face à la multitude de problèmes qui ont resurgit avec force durant l’´absence du président Tebboune, le gouvernement semble avoir opté pour la mise en veilleuse de ses actions statutaires. Il se réunit moins fréquemment et prend contre toute attente,la décision de geler tous changements à la tête de institutions et grandes entreprises du pays. L’Algérie donne de ce fait, l’impression d’être subitement figée dans l’inaction, d’autant plus que le gouvernement n’a aucun bilan positif à faire valoir. Les résultats économiques sont en effet nuls ou presque, la gestion de la pandémie désastreuse et l’action politique est en berne, faute d’ouvertures en direction des forces politiques et sociales qui réclament du changement. L’ingénierie de la bonne gouvernance fait cruellement défaut à ce gouvernement, au point où on ne trouve pas sur quoi s’accrocher, pour évaluer son bilan et se faire une idée de ses perspectives.
Au delà de nos frontières, on constate que la donne géostratégique a totalement évoluée au détriment de l’Algérie. Au Sahel et plus précisément au Mali, la situation semble dégénérer au désavantage de l’Algérie depuis la libération par l’armée française et, au mépris des intérêts algériens, de 300 dangereux terroristes, en échange de la remise en liberté d’une otage française. Quelques terroristes auraient été tout récemment été arrêtés en Algérie par nos services de sécurité, preuve que le danger est bien réel.
En Libye, où le cessez le feu entre belligérants a été obtenu sans la collaboration de l’Algérie, les forces en présence ( Turquie, Égypte, Emirats Arabes Unis) sont connus pour leur manque de sympathie à l’égard pour notre pays. Des coups bas diplomatiques, voire même militaires, ne sont de ce fait, pas du tout à écarter de leurs parts.
Par ailleurs, les deux derniers événements que constituent l’entrée en conflit du Maroc contre les forces armées du Polisario et le soutien dont le royaume chérifien a bénéficié de pratiquement tous les pays de ligue arabe, Palestine y compris, sonnent comme une action concertée contre l’Algérie, seule à manifester aujourd’hui encore, son hostilité à Israël. Tout porte à croire que cette tendance à l’isolement diplomatique va se poursuivre et se renforcer, à la faveur de l’absence prolongé du président Tebboune. Les belligérants savent en effet que l’Algérie est régie par un régime ultra présidentiel et que sans président de la république en poste, l’armée algérienne placée sous son haut commandement, aura bien du mal à réagir avec célérité aux provocations extérieures. L’état major militaire algérien qui en est bien conscient, semble, lui aussi, attendre le prochain bulletin de santé du président malade, pour se prononcer sur ce qu’il y a lieu de faire, au cas où il doit prolonger pour longtemps encore, la durée de ses soins ou au cas où ce dernier ne recouvre pas les aptitudes physiques et mentales nécessaires, pour diriger le pays.
Dans l’état actuel des périls qui s’amoncellent à l’intérieur ( crise sanitaire, crise politique et crise économique notamment) et à l’extérieur (nouvelles donnes géopolitiques et géostratégiques), il est tout â fait normal que l’institution chargée de protéger militairement le pays, envisage avec pragmatisme un nouveau scénario qui tiendrait compte de la disponibilité à court terme du président Tebboune, mais aussi et surtout, de sa capacité où non, à reprendre efficacement les rênes du pouvoir. Nous pensons que le « syndrome Bouteflika » n’est pas envisageable dans l’état d’ébullition politique et social actuel, tant il est douloureusement présent dans l’esprit des algériens qui risqueraient de se révolter à nouveau, si des scènes d’un président grabataire, venaient à leur être affligées à nouveau.
Les tout prochains jours promettent donc d’être riches de décisions adaptées aux nouvelles réalités, malheureusement très périlleuses, auxquelles devront faire impérativement face, l’Algérie et son armée.