L’ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, s’est exprimé sur l’opération militaire menée vendredi dernier par l’armée marocaine dans la région d’El Guerguerat au Sahara Occidental en violation du cessé-le-feu de 1991. Selon lui : le Conseil de sécurité est pris en otage par la France et à un degré moindre par les Etats-Unis qui n’envisagent pas d’autre solution que l’autorité du Maroc sur le Sahara occidental et craignent l’issue d’un référendum d’autodétermination ».
« Cette escalade était prévisible en raison de la paralysie du processus politique, de promesses non tenues et d’un statu quo dont la première victime est le peuple sahraoui réduit à un exil forcé depuis 45 ans. Aucune des dispositions majeures de l’accord de cessez-le-feu de 1991 n’a connu un début de réalisation et la Minurso est réduite aujourd’hui à un rôle de police des routes », a expliqué l’ancien diplomate dans un entretien accordé au journal El Watan de ce mardi 17 octobre 2020.
Concernant le rôle de la Minurso, Abdelaziz Rahabi a indiqué que « son mandat originel était de veiller au respect du cessez-le-feu de septembre 1991 et de recenser les populations sahraouies dans la perspective d’un référendum qui, faut-il le rappeler, a été proposé par le roi Hassan II au sommet de Nairobi en 1981. En raison de multiples violations des droits de l’homme au Sahara occidental, l’Algérie avait soutenu l’initiative proposant l’élargissement de son mandat aux questions des droits de l’homme. »
« Aujourd’hui, je pense que l’Algérie devrait saisir l’ONU et l’Union africaine pour alerter sur les risques sur la stabilité de notre région, leur rappeler leurs responsabilités et les appeler à favoriser la reprise des discussions entre les Sahraouis et les Marocains sur l’organisation d’un référendum. Dans cette perspective, la désignation d’un envoyé spécial du SG de l’ONU s’impose à M. Guterres », a-t-il dit.
Interrogé sur la responsabilité du Conseil de sécurité des Nations Unies dans l’évolution des choses au Sahara Occidental, l’ancien diplomate a expliqué que « le Conseil de sécurité est pris en otage par la France et à un degré moindre par les Etats-Unis qui n’envisagent pas d’autre solution que l’autorité du Maroc sur le Sahara occidental et craignent l’issue d’un référendum d’autodétermination. »
« Les Sahraouis ont le sentiment d’avoir été floués par les promesses non tenues du Conseil de sécurité depuis 1991 et ont toutes les raisons de ne pas lui accorder davantage de crédit. Nous mêmes avions encouragé les Sahraouis à signer le cessez-le-feu pour entrer dans un processus référendaire que nous pensions possible, libre, transparent et impartial. Il n’en est rien », a-t-il ajouté.
Abdelaziz Rahabi a estimé qu' »il n’y a rien de surprenant » en réponse à une question sur le soutien exprimé au Maroc par plusieurs pays du Golfe. « Il s’agit d’une alliance stratégique, notamment pour les pays du Golfe, et ce sont ces mêmes pays qui financent son effort de guerre. Le monde est ainsi fait, on compte ses amis dans les moments difficiles », a-t-il dit en ajoutant : « Il reste que la Ligue des Etats arabes en tant qu’organisation n’a pas accordé beaucoup d’intérêt à cette question et c’est tant mieux pour la cause sahraouie. La Ligue a du mal à se réformer comme l’a fait l’Union africaine et donne l’image d’un syndicat de chefs d’Etat sans aucune influence sur les questions de règlement des conflits ou de maintien de la paix dans le monde. »