AccueilActualitéInternationalL'OMC se retrouve désormais sans chef pendant une période indéterminée

L’OMC se retrouve désormais sans chef pendant une période indéterminée

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L’OMC a reporté sans grande surprise sa réunion de lundi au cours de laquelle ses membres devaient tenter de s’entendre sur le nom d’un nouveau directeur général, mais avec peu d’espoir d’aboutir en raison du blocage des Etats-Unis.

Ces derniers jours, des voix s’étaient élevées pour demander ce report, nombre d’entre elles estimant que les membres de l’Organisation mondiale du commerce avaient peu d’espoir de s’entendre tant que la Maison Blanche restait occupée par Donald Trump, critique virulent de l’organisation.

Le président du comité de sélection a fini par se ranger à cet avis, affirmant que pour « des raisons incluant la situation sanitaire et les événements actuels, les délégations ne seront pas en mesure de prendre une décision formelle le 9 novembre » et reportant la réunion « jusqu’à nouvel ordre », selon un document obtenu par l’AFP puis confirmé par l’OMC. « C’est une bonne chose », a réagi auprès de l’AFP un diplomate européen en poste à Genève.

Huit candidats – cinq hommes et trois femmes – étaient en lice pour reprendre la tête de l’OMC, une institution en crise et attaquée par l’administration Trump en plein marasme économique mondial.

A l’issue d’un processus de sélection qui a duré six mois, le comité chargé de la succession du Brésilien Roberto Azevedo, parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales, a annoncé le 28 octobre que la candidate la mieux placée pour faire l’objet d’un consensus était la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, qui se fait appeler Dr Ngozi. Mais les Etats-Unis lui ont barré la route, soutenant sa rivale, la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee, première femme à avoir été ministre du Commerce dans son pays.

L’OMC « doit être dirigée par une personne ayant une expérience réelle et pratique du terrain », avait souligné le représentant américain au Commerce (USTR), dans une critique voilée de Mme Ngozi, qui n’a jamais été ministre du Commerce.

Avec Joe Biden à la Maison Blanche, les Etats-Unis seraient plus susceptibles de se rallier à Mme Ngozi, a souligné auprès de l’AFP Dmitry Grozoubinski, à la tête de ExplainTrade, un cabinet de conseil genevois spécialisé dans le commerce. « Ce serait un véritable symbole de la rupture nette » que Biden souhaiterait mettre en oeuvre, a expliqué cet ancien diplomate commercial australien à l’OMC.

L’entourage de l’ancienne ministre des Affaires étrangères et des Finances du Nigeria croit toujours aux chances de cette dernière de devenir, à 66 ans, la première femme et première Africaine à prendre les rênes de l’OMC. « Elle est prête à se mettre au travail dès que possible », a indiqué son entourage à l’AFP après l’annonce du report.

L’OMC est privée de chef depuis le départ fin août de M. Azevedo, et est dirigée par ses 4 directeurs adjoints, les pays n’étant pas parvenus à se mettre d’accord pour que l’un d’eux fassent l’intérim.

L’Allemand Karl Brauner était pressenti par la plupart des membres, mais les Américains avaient exigé la nomination de leur compatriote Alan Wolff.

Le processus de sélection du directeur général devait s’achever aux alentours du 7 novembre, mais c’était sans compter sur le refus des Etats-Unis, seul pays à avoir ouvertement refusé de soutenir Mme Ngozi. « Il ne sert pas à grand-chose d’engager un bras de fer maintenant. Mieux vaut attendre que des changements soient possibles », a rapporté un diplomate occidental à l’AFP.

Même avec Joe Biden à la Maison Blanche, de nombreux observateurs de l’OMC estiment qu’aucune décision ne sera prise au moins avant fin janvier, étant donné que le prochain président ne prêtera pas serment avant le 20 janvier. « Je m’attends à ce que M. Biden soit plus favorable au multilatéralisme », a indiqué à l’AFP Peter Ungphakorn, ancien membre du personnel du Secrétariat de l’OMC. « Ainsi, même si les Etats-Unis continueront à émettre des réserves sur la manière dont les appels sont traités dans le cadre du règlement des différends, je serais surpris qu’ils bloquent la sélection du nouveau directeur général – à moins que quelque chose de vraiment défavorable ne soit révélé au sujet de Okonjo-Iweala », a-t-il ajouté. Un vote est en théorie possible mais une telle procédure n’a jamais été utilisée.

En 1999, en raison d’un désaccord, les pays avaient préféré diviser le mandat en deux exercices pour les deux candidats, plutôt que de recourir au vote.

Afp

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