Le recteur de la grande mosquée de Paris (France), Hafiz Chems-Eddine a condamné les appels au boycott des produits français lancés dans plusieurs pays musulmans suite à la diffusion dans plusieurs villes françaises de caricatures du prophète de l’Islam.
« Je condamne fermement les appels au boycott des produits français. Ils émanent de ceux qui ont toujours instrumentalisé l’islam à des fins politiques. J’appelle à la vigilance de tous les musulmans face à cette propagande mensongère visant à discréditer notre pays, la France », a écrit le recteur de la grande mosquée de Paris sur son compte Twitter.
Je condamne fermement les appels au boycott des produits français. Ils émanent de ceux qui ont toujours instrumentalisé l'islam à des fins politiques. J'appelle à la vigilance de tous les musulmans face à cette propagande mensongère visant à discréditer notre pays, la France
— Hafiz Chems-eddine (@chemshafiz) October 25, 2020
Appels au boycott des produits français dans des pays musulmans
Les appels au boycott de produits français se sont multipliés depuis la semaine dernière dans plusieurs pays du Moyen-Orient, après l’émoi suscité par les propos du président français, Emmanuel Macron, qui a promis de ne pas « renoncer aux caricatures » du Prophète Mahomet, interdites dans la religion musulmane, a rapporté l’agence AFP.
Le chef de l’Etat français s’était exprimé jeudi lors d’un hommage au professeur Samuel Paty, décapité par un assaillant islamiste après avoir montré à ses élèves de 4e des dessins du prophète Mahomet à l’occasion d’un cours sur la liberté d’expression.
La Turquie, l’Iran, la Jordanie ou encore le Koweït ont dénoncé la publication des caricatures du Prophète. L’Organisation de coopération islamique, qui réunit les pays musulmans, a déploré « les propos de certains responsables français (…) susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes ».
Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott de produits français se sont multipliés, à travers les hashtags en arabe. Au Qatar, les chaînes de distribution Al-Meera et Souq al-Baladi ont annoncé qu’elles « retireraient » les produits français des magasins jusqu’à nouvel ordre. Dans l’un des magasins d’Al-Meera, un correspondant de l’AFP a vu des employés retirer des étagères des confitures de la marque St. Dalfour. L’Université du Qatar a annoncé vendredi sur Twitter le report de la semaine culturelle française à la suite de « l’atteinte délibérée à l’islam et ses symboles ».
Au Koweït, des images montrant les fromages Kiri et Babybel retirés des rayons de certains magasins ont été relayées sur les réseaux sociaux. Une soixantaine de sociétés coopératives, qui sont de grands distributeurs au Koweït, ont annoncé un boycott des produits français, a précisé à l’AFP le vice-président de la Fédération des coopératives, Khaled al-Otaibi. « Nous avons retiré tous les produits français, à savoir les fromages, crèmes et cosmétiques des rayons et les avons restitués aux agents agréés de ces marques au Koweït », a-t-il expliqué. Quelque 430 agences de voyages du Koweït ont par ailleurs suspendu les réservations de vols vers la France, a indiqué à l’AFP le chef de la Fédération des agences de voyages koweïtiennes, Mohammad al-Motairi.
En Jordanie, le Front d’action islamique, un parti d’opposition, a appelé les citoyens à boycotter les produits français. Les pays du Golfe, notamment le Qatar, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, représentent un marché de plus en plus important pour les exportations de l’industrie agroalimentaire française.
Macron réagit par un message écrit en arabe sur Twitter
Le président français a réagi dimanche à ces appels de boycott des produits français lancés dans plusieurs pays musulmans. Dans un messages en langue arabe posté sur son compte Twitter, Emmanuel Macron a déclaré : « Rien ne nous fera reculer. Jamais. Nous respectons tous les avis avec un esprit de paix. Nous refusons le discours de la haine et nous défendons le débat rationnel. Nous serons toujours aux côtés de la dignité humaine et des valeurs universelles », a-t-il écrit.
لا شيئ يجعلنا نتراجع، أبداً.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 25, 2020
نحترم كل أوجه الاختلاف بروح السلام. لا نقبل أبداً خطاب الحقد وندافع عن النقاش العقلاني. سنقف دوماً إلى جانب كرامة الإنسان والقيم العالمية.
Le ministère français des affaires étrangères a également réagi à cette affaire de boycott dans la journée d’hier. Le MAE français a accusé une « minorité radicale » d’être derrière les appels au boycott des produits français dans des pays musulmans.
« Dans plusieurs pays du Moyen-Orient se sont développés au cours des derniers jours des appels au boycott de produits français, notamment agro-alimentaires, ainsi que plus généralement des appels à manifester contre la France, dans des termes parfois haineux, relayés sur les réseaux sociaux », a indiqué la diplomatie française dans une déclaration officielle, considérant que ces appels au boycott « sont sans aucun objet et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques dirigées contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale ».
« Ces appels dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, de la liberté de religion et du refus de tout appel à la haine », a écrit le MAE français qui a ajouté que ces appels « dénaturent également et instrumentalisent à des fins politiques les propos » tenus par le président Macron le 2 octobre dernier lors de l’hommage national au professeur décapité Samuel Paty, « visant à lutter contre l’islamisme radical, et à le faire avec les musulmans de France, qui sont partie intégrante de la société, de l’histoire et de la République française ».
En Algérie, à l’exception des commentaires des internautes sur les réseaux sociaux et des déclarations d’hommes politiques, aucune réaction officielle n’a été enregistrée, ni d’ailleurs dans les autres pays du Maghreb.