La pandémie COVID-19 et la chute concomitante des prix du pétrole ont mis en danger l’environnement macroéconomique vulnérable de l’Algérie, et les nouvelles autorités sont maintenant aux prises avec une crise multiforme, a souligné la banque mondiale dans son dernier rapport sur la situation économique en Algérie.
Des mesures de confinement rapides ont contribué à ralentir la pandémie, affectant gravement l’activité entre-temps.
L’institution financière internationale a indiqué que la forte baisse des prix et de la demande mondiales d’hydrocarbures a ajouté aux difficultés du secteur, réduisant encore davantage la rente des hydrocarbures.
Par conséquent, une action rapide pour réduire le double déficit et des réformes structurelles visant à favoriser une croissance tirée par le secteur privé sont devenues plus urgentes, préconise l’institition de Breton Woods.
La banque mondiale a rappelé qu’en 2019, une mobilisation sociale prolongée et une longue transition politique ont accru l’incertitude économique et découragé l’activité. La consommation a ralenti, tout comme l’investissement, quoique de façon plus marquée.
Parallèlement, la croissance s’est modérée dans la construction, l’agriculture et les services commerciaux. Alors que la croissance du PIB hors hydrocarbures s’est modérée, à 2,4%, le PIB des hydrocarbures a reculé de 4,9%, précise le même rapport.
Une nouvelle loi sur les hydrocarbures avec des conditions améliorées pour les investisseurs a été publiée, visant à relancer l’investissement. Pendant ce temps, les restrictions à l’investissement étranger ont été levées dans les secteurs non stratégiques.
Le produit intérieur brut devrait se contracter de 6,5% en 2020, avant de connaître un rebond en 2021 de 3,8% et de 2,1% en 2022, selon les estimations de l’institution de Breton Woods.
Le déficit du compte courant va se creuser en s’établissant à -13,4% du PIB en 2020, à -15,7% en 2021 et à -14,6% en 2022. La dette va atteindre 68,2% du PIB en 2020, 77,4% en 2021 et 81,2% en 2022, selon la banque mondiale.
Le secteur des hybrides ayant reculé de 13,4% par rapport au 1er semestre de 2019, le PIB s’est contracté de 3,9%, selon la même source qui précise que le PIB hors hydrocarbures a reculé de 1,5% face à une forte contraction des investissements, et modérée pour la consommation privée et publique.
La banque mondiale a indiqué qu’avec des recettes budgétaires structurellement plus faibles et l’absence d’emprunts extérieurs ou de financement monétaire, un assainissement budgétaire est attendu à moyen terme.
Face au sous-investissement, le secteur des hydrocarbures a reculé de 2,1% par an depuis 2010, et la hausse de la consommation intérieure a réduit les volumes d’exportation, qui ont reculé de 2,8% en moyenne par an.
L’institution financière internationale a indiqué que la dépréciation plus forte du dinar contre l’euro et le yuan que contre le dollar détériorera les termes de l’échange de l’Algérie et accélérera l’épuisement des réserves, car les importations pourraient se redresser plus rapidement que les exportations de pétrole.
Pour rappel, le Fonds monétaire international (FMI) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie algérienne à -5,5% cette année, contre -5,2% anticipée en juin, indiqué le FMI dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales publié mardi dernier.