Un candidat à l’élection présidentielle américaine n’a jamais quitté la course à cinq semaines du scrutin mais l’hospitalisation de Donald Trump, testé positif au coronavirus, relance les interrogations sur cette éventualité.
La Constitution ne prévoit que deux cas dans lesquels le président peut être remplacé par son vice-président en cas de décès ou d’incapacité à exercer le pouvoir: le 20e amendement pour un président élu décédé à la date fixée pour son entrée en fonction, le 20 janvier, et le 25e amendement durant son mandat. Mais d’autres scénarios peuvent être envisagés en cas de défection de M. Trump, 74 ans, ou de son adversaire démocrate Joe Biden, 77 ans, avant l’élection du 3 novembre.
Reporter l’élection ? Ce serait une première dans l’Histoire des Etats-Unis et c’est peu vraisemblable. Même en 1864, en pleine guerre de Sécession, l’élection présidentielle a eu lieu à la date prévue.
L’idée, évoquée fin juillet par Donald Trump, avait provoqué un tollé. La date des élections étant fixée par une loi fédérale, seul le Congrès peut prendre une initiative en ce sens. Il reviendrait alors à la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates et au Sénat à majorité républicaine, de se mettre d’accord sur une nouvelle date. « Il est peu probable qu’une majorité de démocrates accepte de reporter le scrutin », estime Capri Cafaro, professeure à l’American University, alors que Joe Biden est en tête dans les sondages nationaux.
Remplacer un candidat? Les partis démocrate et républicain prévoient le remplacement d’un candidat s’il ne pouvait pas se présenter à la présidentielle, mais cela semble également peu vraisemblable si près du scrutin.
Le nouveau candidat démocrate devrait être sélectionné par les quelque 450 membres de la commission nationale du parti (DNC).
Pour le parti républicain, ce serait aux 168 membres de la commission nationale (RNC) de sélectionner un nouveau candidat. Le RNC pourrait aussi réunir sa convention nationale et laisser ses 2.500 délégués choisir un remplaçant.
Dans les deux cas, le nouveau candidat républicain serait élu à la majorité simple.
Un autre problème logistique se poserait car des dizaines de millions de bulletins de vote ont déjà été imprimés. « Il n’y a pas assez de temps pour réimprimer des bulletins avec les noms de Mike Pence ou Kamala Harris », dit Capri Cafaro, en référence aux colistiers des deux candidats.
De plus, plus de 3,1 millions d’électeurs ont déjà voté par correspondance en raison de la pandémie de coronavirus, selon une étude de l’Université de Floride.
Enfin, le délai pour présenter un candidat est déjà dépassé dans plusieurs Etats.
Laisser le collège électoral décider? Si les Américains votent pour un candidat à la présidentielle, le vainqueur est celui qui rassemble sous son nom la majorité des 538 grands électeurs, qui forment le collège électoral.
Les noms des membres du collège électoral, pour la plupart élus et responsables locaux de leurs partis, n’apparaissent pas sur les bulletins de vote et ils sont dans leurs écrasantes majorités inconnues du grand public.
Chaque Etat dispose d’un nombre de grands électeurs égal à celui de ses membres à la Chambre des représentants (qui varie selon la population) et au Sénat (deux par Etat). La Californie a 55 grands électeurs, le Texas en a 38, les Etats moins peuplés comme l’Alaska, le Delaware et le Vermont n’en ont que trois.
Le vote des grands électeurs est régi par les lois des Etats américains qui pratiquement tous – hormis le Nebraska et le Maine – donnent l’intégralité des votes au gagnant du vote populaire.
La Constitution n’oblige pas à suivre cette consigne de vote. Mais en juillet, la Cour suprême des Etats-Unis a jugé que les grands électeurs « déloyaux » pouvaient être sanctionnés s’ils s’affranchissaient du choix des citoyens.
Le collège électoral se réunira le 14 décembre pour désigner officiellement le ticket gagnant et chaque parti pourrait théoriquement leur ordonner de voter pour le candidat remplaçant.
Le 6 janvier 2021, après le décompte officiel des votes, le Congrès annoncera solennellement le nom du prochain locataire de la Maison Blanche qui prêtera serment le 20 janvier.
Afp