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Abdelhak Lamiri : « Les dirigeants actuels héritent d’un très mauvais accord en faveur de l’Europe »

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Dans cet entretien, l’expert en économie, M. Lamiri s’exprime sur certains sujets qui font l’actualité économique y compris l’accord d’association avec l’union Européenne, mais aussi la révision de la loi actuelle sur la monnaie et le crédit.  

Algérie-Eco :  » L’Algérie se dirige vers l’économie numérique et ne saurait aller de l’avant sans un débit efficient », a déclaré le président de la République. Est-ce que l’Algérie a les capacités de le faire?

M. Lamiri : L’Algérie s’est dotée de capacités technologiques adéquates pour améliorer sensiblement son système numérique mais les dispositions managériales demeurent faibles. Ce qui explique qu’un vaste effort de formation et de restructuration des entités concernées est indispensable. On a beaucoup investi dans le hard mais peu dans le soft. Ce qui fait que même si on a de nouveaux équipements quelques années plus tard on va retomber sur les mêmes problèmes. Il faut perfectionner les deux : le hard et le soft.

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a affirmé également que l’Algérie ne renoncera pas à l’accord d’association avec l’Union européenne (UE), mais procèdera à une révision du calendrier relatif au démantèlement tarifaire en fonction de ses intérêts économiques. Comment est-ce possible à votre avis et quelle sera la réaction des Européens dans ce sens?

Les dirigeants actuels héritent d’un très mauvais accord très déséquilibré en faveur de l’Europe. Le démantèlement leur est avantageux pour des raisons de différentiel de productivité. il faut le réviser mais demander l’ouverture secteur par secteur une fois qu’il sera à la hauteur de la compétitivité internationale. Par exemple, avec de petits perfectionnements le secteur des boissons serait prêt rapidement mais celui de l’électronique va nécessiter des années pour sa préparation. il ne faut pas réfléchir sur tous les secteurs de la même manière. Il faut considérer secteur par secteur sinon on aboutira à des impasses. Il faut également former nos négociateurs aux techniques de négociations, les armer de concepts et d’outils indispensables à la maîtrise des stratégies de négociations.

Il a aussi annoncé la révision prochaine de la loi sur la Monnaie et le Crédit 90-10 et l’engagement d’une réflexion sur la création de mécanismes pour couvrir les risques de change encourus par les opérateurs économiques en raison de la dépréciation de la monnaie nationale. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

Cela fait des décennies que la banque centrale nous promet de mettre en place les outils de protection contre la détérioration de la monnaie (les forwards ou les calls). Mais ils n’ont jamais vu le jour. On espère que cette fois ci ce sera rapide. Mais la solution définitive au problème du taux de change sera de laisser le dinar flotter avec une subvention aux produits stratégiques et de première nécessité. Sinon on continuera à constater la fonte des réserves et on aura toujours le sempiternel problème de la disponibilité de la devise.

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