Au dernier conseil des ministres, il a été demandé aux départements ministériels concernés, d’élaborer des études sérieuses sur l’opportunité de la valorisation des gisements du fer, du phosphate et de l’or. Une décision qui a suscité la réaction des experts dans le domaine. Le professeur Abderrahmane Mebtoul explique que cela ne date pas d’aujourd’hui. Il rappelle que ces projets avaient été abordés et de nombreuses études ont été réalisées.
« Pour l’Algérie déjà, entre 2010/2018 plusieurs ministres du secteur dans des déclarations euphoriques avaient annoncé une production dépassant la tonne par an. Le Ministre actuel en ce mois de septembre 2020 vient de déclarer que la production d’or en 2020 ne dépasserait pas 58 kg, que la moyenne de production d’or en Algérie est estimée à 60 kg/an, avec une prévision de production à 240 kg/an », a-t-il précisé.
Selon lui, il faudra soustraire les coûts dont la majorité des équipements et matières premières sont importés en devises, d’environ 60%, devant dresser la balance devises, ce qui donnerait pour le cours actuel, un chiffre d’affaire ne dépassant pas 9 millions de dollars et un profit net d’environ 4 millions de dollars pour 240 kg/an et un montant dérisoire de 1 millions de dollars pour 58 kg.
Pour le professeur, sans vison stratégique les pertes peuvent se chiffrer pour l’Algérie en dizaines de milliards de dollars. Il s’agit, selon lui, d’éviter les erreurs du passé par des évaluations sérieuses en termes de rentabilité et sans un partenariat solide, il est vain de pénétrer le marché mondial et encore moins la filière minière contrôlée par quelques firmes internationales. Autant que pour le fer, le phosphate, ou les unités de ciments énergivores, l’input essentiel est le gaz naturel devant faire un arbitrage entre le prix de cession sur le marché international et la cession aux unités pour dégager une forte valeur ajoutée.
En conclusion, MMebtoul estime que l’Algérie dépendra encore pour de longues années des hydrocarbures, les autres matières premières permettant de réaliser tout juste un profit moyen devant investir dans les institutions démocratiques, l’éducation, la transition numérique et énergétique.
« Aucun pays dans le monde qui a misé uniquement sur les matières premières brutes n’a réussi son développement. Depuis que le monde est monde et cela s’avère plus vrai avec la quatrième révolution économique mondiale 2020/2030/2040 la prospérité des différentes civilisations a toujours reposé sur la bonne gouvernance, le travail, la recherche théorique et appliquée, un pays sans son élite étant comme un corps sans âme », conclu-t-il.