La crise du COVID-19 a mis au jour les nombreuses failles et inégalités des systèmes éducatifs à travers le monde. Alors que les États commencent à reconstruire leur économie et les moyens de subsistance de leurs citoyens, il apparaît essentiel, selon un nouveau rapport de l’OCDE, que les dépenses publiques à long terme consacrées à l’éducation restent une priorité pour que chaque jeune ait la possibilité de poursuivre des études, réussir à l’école et d’acquérir les compétences dont il aura besoin pour apporter sa contribution à la société.
L’édition 2020 de Regards sur l’éducation, ainsi qu’un rapport connexe analysant les répercussions de la crise, attire l’attention sur le fait que, si l’on ne sait pas avec certitude quel sera l’impact global de la pandémie de COVID-19 sur les dépenses d’éducation, les pouvoirs publics risquent néanmoins de devoir prendre des décisions difficiles quant à l’affectation des fonds publics à mesure que la croissance économique ralentira, que les recettes fiscales baisseront et que les coûts de la santé et de la protection sociale augmenteront. En 2017, les dépenses publiques totales consacrées à l’enseignement, depuis le primaire jusqu’au supérieur, s’élevaient en moyenne à 11 % des dépenses publiques totales dans les pays de l’OCDE, ce pourcentage allant d’environ 7 % en Grèce à environ 17 % au Chili.
« Le renforcement des systèmes éducatifs doit être au cœur des plans des gouvernements pour sortir de cette crise et doter les jeunes des compétences et des qualifications dont ils ont besoin pour réussir », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, à l’occasion de la présentation du rapport à Paris. « Il est essentiel de tout mettre en œuvre pour que la crise n’accentue pas les inégalités en matière d’éducation qui ont été décelées dans de nombreux pays. La crise actuelle met à l’épreuve notre capacité à faire face à des perturbations de grande ampleur. Il nous appartient désormais d’en tirer toutes les conséquences pour construire une société plus résiliente. »
La crise frappe particulièrement durement le secteur de l’éducation et de la formation professionnels (EFP). Il s’agit là d’une préoccupation majeure, selon le rapport, dans la mesure où nombre des professions qui ont constitué le pilier de la vie économique et sociale pendant le confinement reposent sur des qualifications professionnelles.
En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les jeunes adultes sont aujourd’hui moins susceptibles de parvenir au deuxième cycle du secondaire d’une filière professionnelle que leurs parents et plus susceptibles de poursuivre des études universitaires. Les salaires sont également plus faibles : les diplômés du deuxième cycle du secondaire ayant suivi une filière professionnelle perçoivent des revenus similaires à ceux issus des filières générales, mais ils gagnent en moyenne 34 % de moins que les diplômés de l’enseignement supérieur dans les pays de l’OCDE.
Les pouvoirs publics devraient redoubler d’efforts pour rendre l’enseignement et les qualifications professionnels plus attrayants pour les jeunes. Il faudrait notamment renforcer l’apprentissage en milieu professionnel et les liens avec le secteur privé. À l’heure actuelle, dans les pays de l’OCDE, un tiers seulement en moyenne des élèves du deuxième cycle de l’enseignement secondaire professionnel suivent une filière associant cours théoriques et expérience pratique en milieu professionnel.
Le développement de passerelles entre les filières professionnelles et les études supérieures est également essentiel et peut contribuer à améliorer les résultats de l’enseignement. Les élèves du deuxième cycle du secondaire en filières professionnelles sont par ailleurs plus susceptibles d’achever leurs études lorsque leur cursus leur donne la possibilité de poursuivre ensuite des études supérieures. Aujourd’hui, près de sept élèves sur dix sont inscrits dans des filières qui, en théorie, leur permettent de progresser vers des niveaux supérieurs.
La crise suscite également des inquiétudes quant à la valeur ajoutée des établissements d’enseignement supérieur, les étudiants étant réticents à consacrer beaucoup de temps et d’argent à des cours dont la plupart ne sont disponibles qu’en ligne. Cela peut avoir un impact sur la mobilité internationale des étudiants, ceux-ci mettant en doute l’intérêt même d’obtenir un diplôme à l’étranger.
Toute baisse du nombre d’étudiants internationaux lors de la prochaine année universitaire aura des répercussions sur les principaux services éducatifs que proposent les universités, mais aussi sur le soutien financier qu’elles apportent aux étudiants nationaux, ainsi que sur leurs activités de recherche et de développement. Si les étudiants internationaux représentent en moyenne 6 % de la population étudiante dans les pays de l’OCDE, ils en constituent au moins 20 % en Australie, au Luxembourg et en Nouvelle-Zélande. La mobilité internationale des étudiants est particulièrement forte au niveau doctoral, où un étudiant sur cinq en moyenne part à l’étranger pour obtenir son diplôme. Pour conserver toute leur pertinence, les universités devront réinventer les environnements pédagogiques de sorte que le numérique élargisse et complète, sans toutefois remplacer, les relations des étudiants avec leurs professeurs et entre eux.
Le rapport Regards sur l’éducation présente des statistiques nationales comparables mesurant l’état de l’éducation dans le monde. Il analyse les systèmes éducatifs des 37 pays membres de l’OCDE, ainsi que de l’Afrique du Sud, de l’Arabie saoudite, de l’Argentine, du Brésil, de la Chine, du Costa Rica, de la Fédération de Russie, de l’Inde et de l’Indonésie.
Source : OCDE