Les importations espagnoles de gaz algérien acheminées via gazoducs ont fortement chuté ces derniers mois en raison de l’effondrement du prix de cette matière première dû essentiellement à l’abondance du gaz sur le marché mondial et la baisse de la consommation interne en Espagne durant la crise sanitaire provoquée par la pandémie du coronavirus (Covid-19).
Selon les données de la Corporation for Strategic Reserves of Petroleum Products (Cores) reprises par l’agence de presse espagnole « EFE« , l’Algérie reste le principal fournisseur de l’Espagne en gaz au premier semestre 2020 avec 21% du gaz entré sur le marché Ibérique, mais son poids parmi les exportateurs est loin de ce qu’il était durant les années précédentes, pendant lesquelles l’Algérie approvisionnait en moyenne 50% du marché de gaz espagnol et qui avait atteint les 60% en 2015.
L’EFE explique que la principale raison de ce changement de tendance, qui perdure depuis 2019, année où l’Algérie représentait 33% des importations contre 51% l’année précédente (2018), réside dans le prix du gaz naturel sur les marchés internationaux, qui a rendu le gaz naturel liquéfié (GNL) plus attractif pour l’Espagne qui opte de plus en plus pour le gaz transporté par bateau et acheminé à partir de marchés plus éloignés, profitant d’un prix meilleur par rapport à celui des contrats à long terme qu’elle a signé avec son partenaire algérien.
La majeure partie du gaz naturel entre en Espagne sous forme de GNL
Javier Santacruz, professeur d’économie à l’IEB (Instituto de Estudios Bursátiles), a déclaré à l’EFE que « la majeure partie du gaz naturel entre désormais en Espagne sous forme de GNL car il est plus compétitif en raison de la baisse des coûts de transport ». « Avec le coronavirus, la demande a été considérablement réduite comme cela s’est produit avec le pétrole. Comme une relance économique générale est attendue, on suppose que nous aurons également une augmentation du prix du gaz naturel », a-t-il expliqué.
Selon l’agence de presse espagnole, l’effondrement des prix a provoqué une modification des approvisionnements en gaz en Espagne, où le GNL a pris du poids au détriment du gazoduc. En 2019, le gaz liquéfié représentait 57,6% du total des importations espagnoles, ce qui ne s’était pas produit depuis 2013.
Le changement se fait au détriment des importations en provenance d’Algérie
Le changement se fait principalement au détriment des importations en provenance d’Algérie, qui approvisionne l’Espagne via deux gazoducs dont le Medgaz, a ajouté l’agence espagnole qui a rappelé : « Depuis 2004, la part de l’Algérie dans l’approvisionnement en gaz par gazoduc, de l’Espagne, n’est jamais tombée en dessous de 70%. En 2015, elle a même atteint 83% ».
L’EFE a souligné que les contrats qui régissent l’approvisionnement des pipelines sont généralement à très long terme, avec un prix fixe pour toute la période et l’exigence de l’achat de gaz ou de le payer même s’il n’est pas utilisé, selon la formule « take or pay ». « Cependant, les contrats n’exigent pas l’achat de quantités fixes de gaz annuellement ou périodiquement, ce qui permet aux opérateurs de réduire les quantités lorsque le prix baisse, sans compensation », a expliqué la même source.
Selon l’EFE : « Cela explique en partie ce qui s’est passé ces derniers mois avec les importations en provenance d’Algérie, qui en mars et mai ont marqué leur minimum avec des seuils records avec respectivement 16 et 18% du total », selon les données de Cores.
L’Espagne a diversifié ses sources d’approvisionnement
Javier Santacruz a souligné que « l’Espagne a diversifié ses sources d’approvisionnement ces dernières années, un processus dans lequel l’Algérie a perdu du poids au détriment d’autres origines ».
« Les Etats-Unis sont devenus un exportateur net de pétrole et de gaz il y a quatre ans après une révolution énergétique qui a permis de lever l’interdiction de les exporter. L’une des destinations de cet approvisionnement en gaz est précisément l’Espagne grâce au gaz naturel liquéfié (GNL) », a-t-il expliqué, en ajoutant que la diversification permet à l’Espagne de baisser sa facture énergétique et de « renforcer son indépendance en matière d’énergie, qui est encore dix points en dessous de la moyenne européenne ».