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Manque de liquidités, dévaluation du dinar… les explications de l’expert financier Souhil Meddah

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La crise sanitaire due au coronavirus est venue s’agréger à la crise économique et financière que traverse le pays depuis mi-juin 2020, date à laquelle les prix du pétrole ont connu une dégringolade sur les marchés internationaux.

La crise sanitaire induite par la propagation de la Covid-19 a fortement impacté la disponibilité des liquidités qu’on a pu observer ces derniers jours au niveau des guichets d’Algérie Poste. Le dinar n’est pas en reste. Il est, lui aussi, impacté par la crise, puisqu’il continue de dégringoler face aux principales devises comme le dollar ou l’euro.

Dans cet entretien, l’expert financier et directeur général du cabinet RMG Consulting, Souhil Meddah, nous livre son éclairage sur la situation que traverse le pays.

Algérie-Eco: Quelles sont les causes et les conséquences du manque de liquidités ?

M. Souhil Meddah : Il est nécessaire de revenir sur la genèse des événements depuis le début de la crise sanitaire qui, au début avait connu une phase de panique et d’inquiétude, qui a fait que les différents agents économiques dont les opérateurs se sont limites à faire des transactions par cash dans un cadre très restreint. Mais aussi le fait que les épargnants fidèles aux dépôts chez les institutions financières se sont abstenus de faire leur dépôt par peur d’avoir l’obligation de recourir une autre fois au retrait de leurs avoirs sur les comptes d’épargne ou de dépôt.

A ce titre, il faut aussi rappeler que dans les agrégats financiers, il existe trois types de masses monétaires dont la M1 et la M2 qui sont étroitement liées par les variations de leurs interactions et leurs volumes. Et dans le cas qui se pose actuellement, les effets de ce manque de liquidités a été provoqué par une déstabilisation des volumes sur ces interactions. Cela est dû principalement à trois points. Le premier étant que les opérateurs économiques dans leur ensemble ont commencé à limiter leur dépôt d’une part et aussi du fait que quelques créneaux d’activité connus pour leur capacité de recycler des valeurs fiduciaires en valeurs scripturales importantes, notamment ceux des services sont depuis plusieurs mois à l’arrêt. Le deuxième étant que certaines niches de dépenses ont commencé à s’imposer sur la sphère économique nationale, du fait que la politique social garantit des soutiens financiers a certaines parties, même aucune contrepartie factuelle. Le troisième était dans le basculement systématique et massif du comportement des titulaires de comptes et des revenus, en optant pour des retraits directs, pensant qu’ils anticiperaient une crise financière qui allait venir d’ailleurs.

D’autre part, il a été souvent entendu avec les organismes financiers, que les autres moyens devaient attirer les usagers et les utilisateurs dans la perspective de limiter l’usage des valeurs fiduciaires, ce qui a pris trop de temps contre moins d’effets, avec notamment un secteur marchand qui exige toujours le paiement cash dans ses transactions.

Parmi les conséquences directes, après les scènes de paniques observées ces derniers jours, il faut également s’attendre à un autre mouvement de prudence de la part des usagers sur le mouvement des comptes, jusqu’à ce que la situation se stabilise avant la rentrée sociale.

D’autre part, il existe d’autres conséquences indirectes, qui ne seront pas visibles mais relativement ressenties par diverses parties. Il s’agit donc de l’arrêt des ressources fiduciaires en monnaie, qui bloquera temporairement une partie de la machine de production en cas de reprise, ce qui va marginalement créer une situation de déflation partielle dans quelques secteurs.

Pour vérifier cette hypothèse, on peut toujours faire référence à l’inflation sous-jacente, qui exclut naturellement les produits volatiles et les produits subventionnés, sachant que dans notre modèle social, le volume des subventions est structurellement très important.

Comment peut-on l’expliquer la dévaluation du dinar face à l’euro ?

Les causes de cette dévaluation peuvent se résumer en trois points. Le premier touche directement le stock en monnaie étrangère sur les réserves de change, qui garantit le contrebalance d’une masse monétaire nationale par rapport à son potentiel d’offrir ou de demander du dinar.

Le deuxième concerne les ressources financières qui doivent impérativement se stabiliser dans un niveau capable de produire une fiscalité pétrolière importante. D’autre part, le financement non conventionnel n’a pas donné les mêmes effets que ceux escomptes, car plus l’activité se rétrécit, plus les masses monétaires créées se trouvent dans une position improductive et donc amortissable et déracinable sans fournir de valeur ajoutée sur l’espace économique national.

Le troisième point concerne, l’écart constate entre le rapport Euro/Dollar, ajustable en fonction du mouvement du prix du baril, contre un dinar qui se trouve avec le temps incapable d’adopter et d’assurer la même logique ou la même tendance.

Le taux de change officiel va-t-il rattraper celui du marché noir ?

Si le taux officiel continue de subir un effet de glissement surtout en cette période de l’année (période d’été), il se rapprochera du taux du marché informel, car d’une part, le marché officiel est le seul qui assure toujours ses missions, il contribuera pleinement aux transactions du et envers les autres économies, et aussi pourra soutenir la politique monétaire du pays, alors que le marché informel de la devise fonctionne actuellement au ralenti.

En d’autres termes, le marché monétaire officiel est actuellement en train de s’ajuster vis-à-vis des agrégats économiques réels constatés à ce jour. La parité doit être consolidée entre les deux marches. Elle ne doit ni trop baisser pour doper une demande exagérée, ni trop augmenter pour bloquer une demande que le pouvoir d’achat ne pourra pas soutenir.

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