Les IDE baisseront en 2020 pour atteindre un niveau bien plus bas que celui de l’après-crise financière de 2008. Le covid-19 sera la principale cause de cette situation, mais la pandémie ne vient qu’exacerber des faiblesses provoquées par d’autres facteurs.
La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) a indiqué dans un rapport publié mardi 16 juin 2020 que les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde connaîtront une chute qui peut atteindre 40% en 2020, comparée à leur niveau de 1500 milliards $ au terme de l’année 2019. On devrait ainsi passer pour la première fois en dessous des 1000 milliards $ d’IDE, un niveau qui est bien plus bas que celui observé au bout de la crise financière de 2008. « Cette perspective est très incertaine », fait savoir le document publié par l’institution basée à Genève, en Suisse. « Cela dépendra de la durée de la crise mondiale et de l’efficacité des interventions politiques pour atténuer les effets économiques de la pandémie. Les risques géopolitiques et financiers et les tensions commerciales persistantes ajoutent à l’incertitude », peut-on encore y lire.
Des analystes s’interrogent sur les causes d’une telle baisse. Contrairement à un phénomène comme la Seconde Guerre mondiale, les actifs de production des entreprises sont intacts et les machines peuvent donc tourner à la demande. Aussi, bien plus que lors de la crise des subprimes de 2008, les réponses des gouvernements face à le covid-19 ont été d’une ampleur inégalée avec 11 000 milliards $ de réponses budgétaires et 5000 milliards $ dans le pipe.
Il faut dire que le Covid-19 est venue exacerber un environnement baissier pour les investisseurs directs étrangers qui dure depuis le pic de 2000 milliards $ atteint en 2015. « Le ralentissement causé par la pandémie fait suite à plusieurs années de croissance négative ou stagnante. De la sorte, il aggrave une tendance à la baisse à plus long terme. Le niveau attendu des flux mondiaux d’IDE en 2021 représentera une baisse de 60% depuis 2015, passant de 2000 milliards de dollars à moins de 900 milliards de dollars », fait savoir la CNUCED.
Même si la pandémie n’est pas la cause de mortalité la plus grave dans le monde comparé à des phénomènes comme la famine, et des pathologies comme les cancers, la tuberculose ou le paludisme, elle a provoqué pour l’ensemble des pays un triple choc d’un niveau jamais imaginé par les plus pessimistes des analyses. Elle a impacté la chaîne d’offres et de demandes, et a poussé les gouvernements à revoir fondamentalement leurs dépenses.
Pour les entreprises, les mesures de confinement et de restriction de la mobilité se sont traduites par des suspensions d’investissement en cours, et les perspectives moroses au sein des économies occidentales et asiatiques qui tirent la consommation mondiale limitent les ambitions de croissance organique. Aussi, les gouvernements du monde ne peuvent pas tous apporter des soutiens aux entreprises de manière indéfinie, et celles-ci doivent mobiliser un maximum de ressources dans un contexte où le marché de la dette est compliqué et les perspectives de bénéfice en forte baisse.
Ecofin