Les membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) auxquels s’est jointe la Russie ont tenu le samedi 6 juin 2020, une visioconférence, à l’effet de gérer du mieux possible l’offre mondiale d’hydrocarbures. Initialement prévue pour la semaine prochaine, la rencontre en question a été avancée, pour on ne sait quelle raison, sur proposition, dit-on, du ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab, auquel échoit cette année la présidence tournante du Cartel.
Il y avait chez les plus petits producteurs de pétrole, une réelle inquiétude de se voir contraints de réduire à nouveau leurs quotas de productions dont la faiblesse commençait à poser de sérieux problèmes de recettes, mais aussi et surtout, d’aptitude à honorer les contrats commerciaux en cours. L’Algérie qui n’encaissera cette année que 19 milliards de dollars de recettes d’hydrocarbures et qui éprouve de plus en plus de difficultés à satisfaire ses commandes de gaz et pétrole, en est le parfait exemple. Une réduction supplémentaire du quota 800.000 barils/jour à laquelle la conférence du 12 avril 2020 l’avait astreinte, aurait donné un coup fatal à ses recettes d’hydrocarbures qui avaient déjà fortement déclinées, en raison de l’effondrement des cours et de la baisse des quantités exportées. Il faut en effet savoir que depuis la dernière réunion de l’OPEP qui a contraint l’Algérie à réduire son quota de production de 200.000 barils/jour, notre pays ne produit plus que 800.000 barils/Jour. Une bonne partie de cette production est destinée à la consommation intérieure et le reste à l’exportation. Avec un aussi faible niveau d’exportation à des prix qui ne rémunèrent même pas les coûts de production, l’Algérie n’encaissera dans le meilleur des cas, qu’environ 20 milliards de dollars cette année. Trop insuffisant pour répondre aux besoins d’une demande sociale qui dépasse allègrement 60 milliards de dollars par an !!
Bien que très substantielle, la réduction de 9,7 millions de barils/jour décidée lors de la réunion du 12 avril 2020, s’est en effet avérée insuffisante pour faire remonter les prix, d’où la crainte que le Cartel, dirigé par les plus grands pays producteurs (Arabie Saoudite, certains pays du Golfe et la Russie), impose une réduction supplémentaire des quotas. Il ne l’a pas fait car en réalité, peu de pays souhaitaient une hausse trop substantielle des cours qui pourrait nuire à l’économie mondiale qui commence à peine à donner quelques petits signes de reprise. L’Amérique de Donald Trump en pleine campagne présidentielle, ne souhaiterait pas non plus, qu’un baril trop cher se répercute sur les prix des carburants auxquels sont très attachés les américains appelés à voter très prochainement. Si les prix de l’essence se mettaient à flamber, Donald Trump raterait à coup sûr le deuxième mandat auquel il prétend. Il y a donc certainement eu des accords secrets entre les dirigeants saoudiens et la Maison Blanche pour que l’OPEP impose un statu quo consistant à éviter une nouvelle réduction des quotas, en s’en tenant seulement à l’accord du 12 avril 2020.
Cet accord consistait, faut-il le rappeler, à réduire la production mondiale de pétrole selon un calendrier étalé sur les années 2020, 2021 et 2022. C’est ainsi qu’après la coupe de 9,7 millions de barils effectuée en mai 2020, des réductions moins fortes et progressives sont prévues pour le 1er juillet (7,7 millions de barils/jour) et janvier 2021 (5,8 millions de barils/jour) mais on a préféré ne pas y recourir tant que la conjoncture mondiale reste encore fragile. Cette substantielle réduction des quotas imposée à tous les pays de l’OPEP ainsi qu’à la Russie, a tout de même permis au baril de Brent de passer de 15 dollars (fin avril) à 40 dollars en ce début du mois de juin. Ce n’est effectivement pas rien, même si ce redressement des prix reste encore insuffisant au regard des pays qui, comme l’Algérie, ne vivent que de cette rente.