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PLFC 2020 : Le gouvernement abandonne l’idée de réduire de 50% le budget de fonctionnement

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Réduire de 50% le budget de fonctionnement de l’Etat a été envisagé comme solution miracle aux déboires du trésor public, privé d’une part non négligeable de recettes fiscales ordinaires et pétrolières en raison du déclin des prix des hydrocarbures et des conséquences de la pandémie de Coronavirus sur l’activité économique. L’État a effectivement besoin de 61 milliards de dollars pour vivre, financer des transferts sociaux faramineux, faire tourner du mieux possible la machine économique et allouer des budgets colossaux à l’armée et aux anciens moudjahidines.

Le pactole nécessaire au financement de ces dépenses qui n’ont pas cessés d’augmenter au gré des années, est essentiellement prélevé de la fiscalité (pétrolière et ordinaire) et d’un processus d’endettement en constante augmentation (emprunts et déficits budgétaires) qui atteindra 12% du collectif budgétaire. Sans doute un des plus lourds déficits budgétaire au monde !!

Toutes les ressources qui alimentent traditionnellement le budget de l’Etat algérien, ne suffisent malheureusement plus depuis que les recettes pétrolières se sont amoindries sous l’effet de la réduction des quantités exportées et de la dégringolade des prix du Brent qui a contraint le gouvernement à ne retenir que 30 dollars (au lieu de 50) comme prix de référence pour le calcul de la fiscalité pétrolière. A ce malheur est venu s’ajouter celui, non moins grave, de l’arrêt subit de l’activité économique généré par la pandémie qui a considérablement réduit l’apport des contribuables. Non seulement la machine économique produit beaucoup moins d’impôts nouveaux, mais les difficultés dues au Covid-19 ont contraint de nombreux chefs d’entreprises à différer le paiement des impôts dus. La situation est aujourd’hui si grave que le gouvernement est contraint d’agir sur plusieurs fronts pour assurer un minimum de ressources pour boucler du mieux possible le budget de l’année en cours qui doit, faut-il le rappeler, prendre en compte les augmentations de salaires mensuels (2000DA) au profit des travailleurs payés au Smig ainsi que l’octroi d’une indemnité de 10.000DA à plus de 2 millions de nécessiteux. Pour ce faire, de nouveaux impôts et taxes ont été créés ou augmentés (cas de la hausse des prix des carburants et des taxes sur les véhicules de tourisme, instauration d’un impôt sur les fortunes etc.), et des mesures d’austérité envisagées (réduction de 50% du budget de fonctionnement). Comme la situation économique et financière du pays risquait de conduire à une impasse budgétaire, le gouvernement a en effet jugé nécessaire de procéder à des coupes budgétaires et c’est à une réduction de 50% du budget de fonctionnement qu’il a mécaniquement pensé,  Mais si cette idée paraît à première vue séduisante parce qu’elle laisse penser que le gouvernement veut réduire le train de vie exagérément dépensier de l’Etat, sa mise en œuvre pose d’emblée un gros problème, celui du paiement des salaires d’une pléthore de fonctionnaires (3millions) auxquels plus de 60% de ce budget, estimé cette année à 26 milliards de dollars est destiné. Outre le fait que le gouvernement n’a pas intérêt à se mettre à dos certaines catégories de fonctionnaires (services de sécurité, employés des wilayas et Dairas, services des impôts et autres corps constitués etc.), cette mesure qui risque d’entraîner une subite rupture des paiements de salaires qui mettra des millions de fonctionnaires en état de révolte. Une révolte intenable qui paralysera tous les services de l’Etat et de ses démembrements. D’où son subit revirement, consistant à ne réduire de moitié que la part du budget qui n’est pas réservée aux salaires et indemnités des fonctionnaires. Cette part qui ne représente qu’environ 11 milliards de dollars ne rapportera à l’Etat que 5,5 milliards de dollars au lieu de 13 milliards, si cette coupe de 50% avait été calculée sur la totalité du budget de fonctionnement (26 milliards). C’est évidement très peu, mais c’est toujours ça qui sera soustrait du train de vie de l’Etat.

Si la décision du gouvernement de doper son budget au moyen de nouvelles sources de financement et une certaine politique d’austérité peut très bien se comprendre en cette période de vaches maigres, on se demande toutefois pourquoi ce dernier s’est braqué uniquement sur le budget de fonctionnement alors que d’autres sources de financement autrement plus lucratives existent. Il s’agit, on l’a compris, des budgets alloués à l’armée (plus de 10 milliards de dollars) et aux anciens moudjahidines (3,5 milliards de dollars) qui pourraient faire en ces temps difficiles pour l’Algérie un effort d’austérité exceptionnel.

On ne comprend également pas pourquoi, le gouvernement n’a voulu agir sur le budget d’équipement doté d’à peu prés du même montant que le budget de fonctionnement. Des projets d’équipement de diverses natures (habitat, équipements collectifs, travaux publics) courent pourtant un sérieux risque d’être différés à l’année 2021 au minimum, en raison de la pandémie de coronavirus qui a déjà entraînée la fermeture de nombreux chantiers et le report de pratiquement tous les nouveaux projets qui devaient démarrer en 2020. C’est effectivement à ce niveau qu’il aurait fallu effectuer des coupes budgétaires, sans grands soucis de pénaliser la collectivité durant l’année en cours qui sera marquée, comme le prévoient tous les économistes, par une baisse générale de l’activité économique. L’argent ainsi économisé pourrait être transféré aux dépenses de santé liées à la lutte et la gestion de la pandémie (achat d’équipements de protection, paiement des allocations chômages, aides aux entreprises en difficultés etc.). Ces dernières n’ont en effet bénéficié d’aucune aide de l’Etat en ces temps particulièrement difficiles pour elles. Ni crédits, ni aides frontales, ni prise en charge des loyers que les entreprises fermées en raison de la pandémie doivent malgré tout payer à leurs bailleurs, ni indemnisations du chômage partiel. Si l’Etat n’intervient pas, on assistera à une véritable hécatombe qui affectera une part non négligeable du tissu industriel et commercial algérien déjà très maigre ! L’Algérie pourrait ne plus jamais s’en remettre. L’État doit donc impérativement voler à leur secours, car c’est son rôle et son devoir, en cette période particulière. Tous les États du monde le font et on ne voit pas pourquoi l’Etat algérien ferait exception.

Au regard des nombreux éléments clivants (hausse des prix des carburants, coupe de 60% dans le budget de fonctionnement etc.) que contient le projet de loi de finance complémentaire pour 2020, le débat parlementaire qui commencera le mardi 26 au sein de l’hémicycle de l’APN, promet donc d’être très animé, même si le gouvernement a, comme tradition, toutes les chances d’imposer aux députés ses décisions. Pour l’exécutif,  comme pour le parlement, l’important pour cette période exceptionnellement difficile, est de gérer ce qui reste de l’année 2020, sans trop de dégâts sociaux, car cela risquerait de compliquer encore davantage la situation politique et sociale qui menace les fondements mêmes du régime. Le gouvernement compte sur ce second semestre pour chercher d’autres sources de financement (emprunts, avoirs de la Banque d’Algérie, dévaluation du dinar, éventuel concours du FMI etc.) pour affronter l’année 2021 qui promet d’être tout particulièrement périlleuse pour les finances publiques.

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