La loi de finances complémentaire 2020 s’ouvre pour la première fois à l’investissement étranger par assouplissement de la règle des 49/51% et l’annulation du droit de préemption, mais dans une conjoncture mondiale difficile pour attirer les IDE. Elle se fonde sur un cours du marché à 35 dollars et le fiscal à 30 dollars le baril, comme référence est réaliste, mais elle montre la dépendance accrue vis-à-vis de la rente des hydrocarbures dont le prix échappe à toute décision interne représentant avec les dérivées 98% des recettes en devises. C’est ce qu’estime le professeur Abderrahmane Mebtoul.
Le professeur note que le cours du pétrole devrait fluctuer en moyenne annuelle, pour 2020, selon la majorité des institutions internationales, entre 30/35 dollars, sous réserve de la maitrise de l’épidémie du coronavirus et d’une légère reprise en septembre 2020. Les prix du pétrole avec une baisse d’environ 40/50% et du gaz dont le cours a chuté de plus de 60% depuis 2010 représentant 33% des recettes de Sonatrach expliquent, face aux tensions budgétaires, la révision de la loi de finances 2020 adoptée en décembre 2019, explique M. .Mebtoul
Il rappelle que le cadrage macro-économique de la loi de finances 2020 adoptée en décembre 2019 a été établi sur la base d’un baril de pétrole à 50 dollars et un prix de marché à 60 dollars, un taux de change de 123 DA/dollar, un taux de croissance de 1,8%.
En analysant les décisions prises dans le projet de loi de finances complémentaire 2020, M. Mebtoul dira qu’il faut être réaliste, avec moins de 40 milliards de dollars de réserves de change fin 2020, le risque est l’épuisement des réserves de change fin 2021, le premier semestre 2022 supposant une mobilisation générale, plus de rigueur budgétaire et une profonde refonte politique reposant sur la moralisation tant des dirigeants que de la société.
« C’est dans ce cadre que j’attire l’attention du gouvernement algérien que les recettes néo-keynésiennes de relance de la demande globale ne s’appliquent pas à l’Algérie qui ne souffre pas de rigidités conjoncturelles, devant comparer le comparable comme l’économie vénézuélienne et non les USA et l’Europe reposant sur une économie productive, alors que l’économie algérienne a pour fondement la rente des hydrocarbures avec un déclin de l’appareil productif hors rente, excepté certains segments de l’agriculture», estime le professeur en poursuivant « une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, donc attention à la dérive salariale que certains experts algériens proposent qui ne peut que conduire à la dérive inflationniste qui pénalisera les couches défavorisées, sans relancer la machine économique. Cependant durant cette conjoncture difficile, la cohésion sociale est vitale, nécessitant des subventions ciblées au profit des couches les plus démunies, car distribuer des revenus sans contreparties productives conduit à terme au suicide collectif ».