L’amour de l’Afrique pour les ressources en devises est rudement mis à l’épreuve en cette période marquée par la pandémie de covid-19. Au cours des 10 précédentes années, les flux de capitaux apportés par des investisseurs étrangers au profit de l’Afrique subsaharienne ont considérablement augmenté. Cela a eu pour conséquences entre autres de faire que la région plus que par le passé soit davantage intégrée dans le système financier international. Cette évolution positive des choses n’est pas sans risques. Il s’agit notamment d’une plus grande exposition aux variations sur la perception des risques au niveau mondial, la baisse des prix des matières premières ainsi que la volatilité sur les taux de change et d’intérêt.
Quand le continent jouit d’une solide croissance et d’une solide demande de ses matières premières, tout va bien. Maintenant que le coronavirus a causé un gros choc sur l’ensemble de la machine économique mondiale, il est difficile pour les pays africains de recevoir des devises. Or, ils doivent continuer de payer une grosse facture pour leurs importations et poursuivre avec le remboursement de leurs dettes extérieures, tout en souffrant d’une baisse de leurs revenus en devises.
Après le meilleur, l’Afrique doit désormais faire face au pire : L’un des défis, c’est que la majorité des flux de capitaux en devises qui entrent dans les grandes économies d’Afrique subsaharienne ont un horizon de court terme. Au Nigeria et au Ghana, une part importante des titres publics à court terme a été achetée par des investisseurs étrangers. La stratégie a permis en quelque sorte de stabiliser pendant tout ce temps la valeur de leurs monnaies. Avec la conjoncture actuelle, ces investisseurs se sont désengagés, accentuant la pression sur ces monnaies.
Un autre défi, c’est que pour beaucoup de pays africains, il existe peu de filet de sureté. L’Afrique du Sud au plus fort des spéculations sur les impacts du coronavirus, a été victime des ventes massives de titres publics avec comme conséquence, une hausse des taux et une baisse de la valeur du rand (monnaie locale). La Banque centrale de ce pays est parvenue à limiter la casse, mais il n’est pas certain que tous les pays africains puissent procéder ainsi.
Le dernier défi concerne les pays qui ont emprunté des ressources en devises, en mettant en garantie leurs ressources minières. En période de prix élevés, la matière première permet de rembourser la dette, mais lorsque les cours mondiaux sont bas, les richesses du pays sont bradées et les risques d’instabilité s’aggravent. Au Congo, au Ghana, au Cameroun ou encore au Tchad, on retrouve ce type d’emprunt et le démêler après la crise ne sera pas évident.
Ecofin