Le pétrole brut new-yorkais a vivement rebondi hier mercredi, après s’être écroulé lundi et mardi, mais le marché restait sous pression face à la chute de la demande et la quasi saturation des capacités de stockage.
Le baril de WTI pour livraison en juin, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, a grimpé de 19% ou 2,21 dollars à la clôture pour s’établir à 13,78 dollars.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a gagné 5,4% ou 1,04 dollar à 20,37 dollars.
Plusieurs observateurs mettaient toutefois en garde contre un optimisme prématuré, le marché pétrolier étant toujours frappé de plein fouet par les conséquences de la pandémie de coronavirus: la chute vertigineuse de la consommation d’or noir et la hausse des réserves à travers le monde.
Aux États-Unis, les réserves de brut ont ainsi gonflé de 15 millions de barils (MB) la semaine dernière pour s’établir à 535 MB, selon un rapport diffusé mercredi par l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA). Celles d’essence et de produits raffinés ont aussi augmenté, tandis que la consommation hebdomadaire a dégringolé de plus de 25% sur un an alors que la population est confinée. « Les prix devront continuer à être très bas pour inciter à une baisse de la production afin d’éviter des surplus dans l’ensemble du système« , juge Bart Melek de TD Securities.
A Cushing dans l’Oklahoma en particulier, où sont stockés les barils servant de référence au WTI réserves ont augmenté de 5 MB et s’approchent de leur maximum. « Je ne serais pas surpris si on voyait les prix des contrats à terme de référence tomber sous les 10 dollars, voire repasser en négatif« , ajoute M. Melek.
Selon lui, seules de nouvelles annonces des principaux producteurs mondiaux d’or noir sur une réduction significative de leurs extractions sont susceptibles de soutenir les cours à moyen et long terme.
L’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses principaux partenaires, réunis au sein de l’OPEP+, ont annoncé mi-avril un accord portant sur une baisse de 9,7 millions de barils par jour à partir de mai, une décision historique mais jugée insuffisante pour faire remonter les prix durablement.
Plusieurs spécialistes ont également noté que la nouvelle escalade irano-américaine avait tiré les cours du pétrole vers le haut mercredi.
Donald Trump a affirmé avoir donné l’ordre de « détruire » toute embarcation iranienne « harcelant » les navires américains dans le Golfe, qui fut déjà le théâtre d’un accès de tension l’été dernier sur fond de tankers saisis et d’attaques contre des installations pétrolières imputées par Washington à Téhéran.
L’Iran a répondu à ces menaces en annonçant le lancement d’un premier satellite militaire, une manœuvre aussitôt dénoncée par les Etats-Unis.
Les cours du pétrole ont poursuivi leur remontée ce jeudi matin après un rebond au cours de la nuit, mais les prix restent sous pression du fait de la pandémie de coronavirus qui assèche la demande et submerge les installations de stockage.
Vers 8h Gmt, le cours de brut américain WTI progressait de 7,18 % à 14,77 dollars le baril tandis que le Brent de la mer du Nord gagnait 5,25 % à 21,44 dollars le baril dans les premiers échanges en Asie.
Afp