« Depuis le 9 mars 2020, date de la chute volontaire du prix pétrolier standard de l’Arabie Saoudite, l’Algérie ne maîtrise plus ses prix pétroliers », a indiqué l’expert pétrolier M. Ali Kefaifi, dans une contribution publiée le dimanche 12 avril 2020, dans les colonnes du quotidien Liberté.
L’expert en pétrole a précisé que « cette réduction supplémentaire ou prime s’établit à 20% en moyenne par rapport au Brent, alors que les pétroles bruts similaires (légers) et concurrents, tels l’Arabian Light (Arabie Saoudite), Bonny Light (Nigeria), Girasol (Angola), n’enregistrent qu’une baisse de 10%, soit la moitié ».
Estimant la guerre des prix déclenchée par l’Arabie Saoudite le 9 mars dernier contraire au bon sens, l’expert a souligné que le leader de l’OPEP a fait chuter le prix du pétrole qui passe à 30-35 dollars/bbl pour 2020, contre 72 dollars/bbl en 2018 et 65 dollars/bbl en 2019.
Face à la baisse mondiale et l’ampleur de l’offre, « les aspects moteurs actuels sont le stockage-transport maritime (navires VLCC, navires moyens Suez, etc.) et les coûts marginaux des producteurs », précise M. Ali Kefaifi.
L’expert pétrolier a rappelé qu’en 2018, avec un prix moyen de 72 dollars/bbl, « les exportations algériennes totales avaient atteint 41,79 milliards de dollars, dont 38,87 milliards de dollars pour les hydrocarbures, contre 46,33 milliards de dollars d’importations de biens (hors services estimés à 10 milliards de dollars), soit un déficit externe (BCC) de 15 milliards de dollars.»
Il a également rappelé qu’en 2019, avec un prix moyen de 65 dollars/bbl, les «exportations ont atteint 35,82 milliards de dollars, dont 33,24 milliards de dollars pour les hydrocarbures, contre des importations de biens (hors services) pour 41,93 milliards de dollars.»
Quelle politique économique face à l’effondrement des prix ?
Devant la guerre des prix à laquelle se livrent les grands producteurs pétroliers (Arabie Saoudite et la Russie), afin de gagner plus de parts de marché et éventuellement réduire la capacité de nuisance du pétrole de schiste américain, l’Algérie qui peine à produire un million de barils/jour, semble n’avoir aucune influence au sein de ce cartel.
Pour le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, la réduction de la production de 10 millions de barils/jour décidée jeudi dernier lors de la réunion OPEP+ n’aura aucune conséquence sur les revenus en devises du pays, alors que l’Algérie a consenti à réduire sa production de 200.000 barils/jour.
Face à l’effondrement des prix de l’or noir et à une baisse constante des recettes pétrolières et gazières, l’Algérie n’aura d’autres choix que de mener une politique d’austérité (hausse des impôts, révision de la politique sociale, ..), de recourir à l’endettement extérieur en sollicitant les institutions financières internationales avec des conditions d’emprunt draconiennes, ou d’actionner de nouveau, la mort dans l’âme, la planche à billets, au grand dam du risque inflationniste.
Déjà en 2016, la Banque mondiale avait mis en exergue, dans une publication intitulée « Réaction de l’Algérie à l’effondrement des prix du pétrole », la baisse de la production pétrolière et gazière du pays. « la production de pétrole brut et de gaz naturel a régulièrement diminué ces dernières années, en raison principalement de retards répétés des projets, de difficultés pour attirer des partenaires d’investissement, de l’insuffisance des infrastructures et de problèmes techniques », avait indiqué la Banque mondiale qui a précisé que « sur une production totale d’environ 1,1 million de barils/jour, l’Algérie exporte 540 000 barils/jour.»