Le confinement à grande échelle auquel sont soumis depuis quelques jours et, pour une durée indéterminée, plus de 1,2 milliards de personnes à travers le monde, aura c’est évident, de lourdes conséquences économiques et sociales sur les nations qui appliquent ce moyen de lutte contre la propagation coronavirus. Beaucoup de bras et de cerveaux manqueront, c’est certain, dans les unités économiques autorisées à poursuivre leurs activités en plaine crise sanitaire. Le télétravail réservé uniquement aux cadres ne saurait palier les gigantesques manques à gagner qui affecteront les procès de production, avec tout ce que cela implique sur les résultats micro et macro économiques qui seront fatalement revus à la baisse. Les faillites d’entreprises se multiplieront et les produits intérieurs bruts (PIB) se contracteront quasi automatiquement sous l’effet des contre performances productives. L’éducation nationale (enseignement primaire, lycées, universités, centres de formation etc.) qui fut la première sacrifiée dans le cadre de la lutte contre la pandémie de coronavirus, va payer très cher la mise en congé forcé des enseignants et des élèves, en terme de retard scolaire qu’il sera impossible de rattraper. Beaucoup d’écoles et de crèches privées disparaîtront à cause des pertes financières qu’elles vont subir et que l’Etat n’a pas encore pris l’engagement de rembourser en tant qu’ordonnateur de leurs fermetures. Tous les pays envisagent de le faire, sauf l’Algérie où les dirigeants n’ont d’yeux que pour le secteur public !!
Pour éviter que la dégradation des indicateurs économiques et financiers ne tourne au drame, il faudrait que l’Etat à travers la banque centrale et le trésor publics injectent, le plus tôt sera le mieux, des fonds de soutien à l’économie, en général, et aux entreprises et ménages, en particulier. A défaut, la croissance en prendra un sérieux coup avec toutes les conséquences qu’on imagine sur l’emploi, l’investissement, le financement des retraites et, bien entendu, sur les places financières qui se retrouveront quasi automatiquement en sous liquidité. Dans pareilles conditions la solidarité doit évidemment jouer à fond. C’est à l’Etat régulateur et ses démembrements (communes, institutions publiques etc.) de l’organiser au plus tôt, pour éviter que les plus pauvres soient seuls à payer les conséquences dramatiques de cette crise sanitaire qui ira sans doute en s’aggravant, tout le temps que durera cette pandémie qui se répand comme une trainée de poudre. La société civile devrait également s’impliquer partout où cela sera possible, car l’Etat à lui seul ne suffira pas à faire face aux demandes multiformes des personnes qui auront besoin d’aides. L’Etat organisera cette solidarité au moyen de ses institutions ad hoc, à l’instar de la Banque d’Algérie, le Trésor public et autres fonds publics, qu’il chargera d’octroyer aux entreprises les liquidités nécessaires à leur survie, au maintien des emplois et au financement d’éventuelles actions de solidarité en ces temps de faibles performances économiques. Les travailleurs mis au chômage pour cause de sauvegarde de la santé publique devront percevoir leurs rémunérations sans trop attendre car, à défaut, la consommation s’en ressentirait gravement avec le risque qu’elle affecte négativement la croissance. Il faut que l’Etat soutienne par tous les moyens possibles la consommation, quand bien même, il y aurait quelques points d’inflation supplémentaires à redouter. Les communes, les associations caritatives devraient elles aussi s’y mettre pour aider les familles démunies à ne pas sombrer dans le dénuement total. À Alger, le danger est bien réel. On commence du reste déjà à voir aux abords des magasins d’alimentation des familles entières en train de mendier. Des scènes qu’on croyait à jamais révolues, reviennent en force par le truchement de ces crises sanitaire et économique qui affectent subitement le pays, avec la promesse de faire des ravages dans la société, si le gouvernement ne prend pas sérieusement les problèmes en mains. C’est un signe avant coureur d’une extrême pauvreté qui commence à s’installer et qu’il faut rapidement juguler en redonnant un minimum de solvabilité à ces familles. C’est précisément le rôle des communes et des associations caritatives, pour peut que le gouvernement les y encourage.
Beaucoup d’entreprises verront leurs comptes se déstructurer du fait de cette inactivité forcée. Au risque de produire « l’effet dominos » l’Etat doit veiller à ce qu’aucune entreprise ne disparaisse et qu’aucun emploi ne soit perdu du fait du coronavirus. Tels devraient être ses crédos en pareilles circonstances. L’Etat qui a contraint les entreprises qui ne vivent que leurs moyens à réduire leurs activités ou, carrément à fermer pour des raisons de santé publique, devrait assumer ses responsabilités d’Etat ordonnateur, en les préservant des faillites qui les guette. Des budgets de sauvetage devraient dès à présent être envisagés pour être mis à leur disposition pour éviter les détériorations comptables en cascades. Le plus tôt sera le mieux car en matière économique, le temps compte !!
Les grands groupes privés industriels en perdition (cas des entreprises appartenant aux oligarques incarcérés) pourraient à titre d’exemple être nationalisés pour faciliter la poursuite de leurs activités. Recapitaliser les banques sera de ce fait nécessaire pour éviter les ruptures de trésorerie car les entreprises en difficulté auront un grand besoin de liquidité. Si du point de vue des disponibilités financières, il y aura effectivement de sérieuses craintes à partir de l’année 2022, puiser dans ce qui est encore disponible pour gérer simultanément et du mieux possibles, les crises sanitaire et économique, devrait se faire sans aucun état d’âme, car la santé et l’activité économique, n’ont pas de prix.