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Prix du pétrole : «On n’a pas encore vu le pire de la crise»

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Les cours du pétrole ont chuté de plus de 30% depuis le début de l’année, mais le pire est peut-être encore à venir, préviennent de nombreux experts, dans un marché où la propagation du coronavirus pèse lourdement sur la demande.

Pour parer à la baisse de la consommation mondiale d’or noir, l’Organisation des produits exportateurs de pétrole (Opep), réunie cette semaine à Vienne, a proposé à ses partenaires des coupes supplémentaires de sa production. Mais la Russie, principale alliée du cartel, y a opposé une fin de non-recevoir. Ce niet catégorique a fait s’effondrer vendredi le baril new-yorkais de WTI de plus de 10% et le baril londonien de Brent de plus de 9%, tous deux tombant à des niveaux plus vus depuis près de quatre ans.

L’offre de l’Opep, fortement appuyée par l’Arabie saoudite, consistait à réduire de 1,5 million de barils supplémentaires la production quotidienne d’or noir jusqu’à la fin de l’année.
Pour tenter de convaincre ses partenaires, l’Opep avait même proposé qu’ils ne supportent qu’un tiers de l’ensemble des nouvelles coupes, soit 500.000 barils par jour. Mais «la Russie n’a pas mordu à l’hameçon», explique Andrew Lebow de Commodity Research Group. «Leur perspective est très différente de celle de l’Arabie saoudite et des autres membres de l’Opep», précise l’expert, qui rappelle que l’économie russe, plus diversifiée que celle de la plupart des membres du cartel, est moins dépendante du pétrole.

Pour la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole derrière les Etats-Unis, une des priorités est par ailleurs de ne rien céder au rival américain, qui extrait désormais plus de 13 millions de barils par jour et en exporte quotidiennement entre 3 et 4 millions. «Les Russes ont décidé de mener la politique de la terre brûlée. Ils se disent qu’ils n’ont aucune raison de soutenir les producteurs américains», souligne John Kilduff, d’Again Capital.

Dans de telles conditions, le marché pétrolier pourrait continuer de souffrir d’une offre excédentaire dans les prochains mois, d’autant que les coupes actuellement en vigueur arrivent à échéance fin mars et que leur renouvellement semble plus qu’incertain.

Les 13 membres du cartel et leurs 10 partenaires, qui forment l’Opep , sont liés depuis début 2017 par un accord de réduction volontaire de 1,2 million de barils par jour (mbj), augmenté à 1,7 mbj en décembre dernier.

De son côté, l’Arabie saoudite a consenti en début d’année à retirer 400’000 barils quotidiens de sa propre production pendant trois mois. «S’il n’y pas de coupe supplémentaire, cela signifie que le surplus de pétrole au deuxième et au troisième trimestre sera plus important que ce que le marché anticipait en début de semaine, avant la réunion de l’Opep», prédit M. Lebow.

Une offre trop abondante risque de faire pression à la baisse sur les cours, certains experts s’attendant à ce que le pétrole new-yorkais tombe prochainement sous le seuil des 40 dollars. «On n’a pas encore vu le pire de la crise de la demande», avance M. Kilduff, qui estime que l’Opep a joué avec le feu à Vienne. «Ils ont fait de trop grandes promesses et livré trop peu de résultats, alors qu’ils auraient dû faire l’inverse», juge-t-il.

Avec le ralentissement de la croissance mondiale causé par le coronavirus, les acteurs du marché s’attendent à ce que le plongeon de l’or noir se poursuive. «Les risques de récession sont forts. Historiquement, les récessions font baisser les prix du pétrole», rappelle James Williams de WTRG-Economics, qui estime que la consommation mondiale de pétrole sera en repli de près de 4 millions de barils au premier trimestre. «A moins que l’économie chinoise ne rebondisse rapidement, les conséquences économiques du virus vont se répercuter dans le monde entier, en particulier en Europe et aux Etats-Unis», précise M. Williams.

Les producteurs américains pourraient d’ailleurs faire partie des principales victimes d’un déclin plus prononcé des cours de l’or noir. Car si des prix bas favorisent en principe la consommation, ils sont préjudiciables aux entreprises qui doivent financer leurs opérations. «On pourrait voir certaines faillites ou du moins, des renégociations de prêts», anticipe ainsi Andrew Lebow.

Afp

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