La chute brutale des prix du pétrole suite au désaccord lors de la réunion de l’OPEP vendredi dernier, aura des conséquences « désastreuses » pour les pays producteurs du pétrole estime, Philippe Simonnot, docteur en sciences économiques, ex professeur d’économie du droit à Paris Sorbonne et Nanterre.
Algérie Eco : Le marché pétrolier vient de subir un crash important. Qu’est ce qui a précipité cette situation selon vous ?
Philippe Simonnot: le crash sur le marché pétrolier est la conséquence du désaccord entre l’OPEP et la Russie. Il faut se rendre compte que L’OPEP ne contrôle plus que le tiers de la production mondiale de pétrole à cause notamment de l’essor foudroyant du pétrole de schiste aux États-Unis. Elle avait donc besoin de la Russie pour essayer de reprendre la main. Mais l’Arabie saoudite a refusé : pour conserver ses parts de marché elle préfère concéder à une baisse des prix.
Quelles seront les conséquences de cette chute des prix, notamment pour les pays dépendant de l’or noir ?
Ce crash est évidemment un désastre pour les pays producteurs déjà mal en point depuis la perte de contrôle des prix. Même l’Arabie saoudite a besoin d’un baril à 70 dollars au moins. Pour l’Algérie le prix nécessaire à l’équilibre des comptes est encore plus haut.
Peut-on s’attendre à un rééquilibrage de la situation dans les prochains mois, ou bien la situation restera ainsi pour longtemps ?
S’il y a un rééquilibrage ce ne sera pas au-dessus de 50 dollars, qui est le coût de production du pétrole de schiste aux États-Unis. Il faut s’attendre à des temps difficiles pour les pays de L’OPEP. Pour le moment il est difficile de prévoir une renégociation entre la Russie et l’OPEP afin de trouver un autre accord. Peut-être si le baril descendait jusqu’à 18 dollars (c’est une possibilité ) les deux parties seraient obligées de revenir à la table des négociations
On assiste à un crash financier accéléré ces derniers temps, causé par l’apparition du virus Corona. Pensez-vous que c’est la cause réelle ou bien c’est juste un élément catalyseur ?
Le monde financier ne s’est pas vraiment remis de la crise de 2008. Le remède a consisté pour les Banques Centrales à inonder la planète de liquidités. Cette fuite en avant devait se terminer un jour ou l’autre – mais on ne savait pas quand. Le surgissement du coronavirus joue le rôle du Black Swan, du Cygne noir dont Nassib Nicholas Taleb à fait la théorie si brillamment dans son ouvrage.