« Il est plus urgent de structurer l’État déliquescent que de le faire pour le Hirak représenté par ses revendications éminemment politiques qui sont à elles seules tout un programme », a estimé l’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi.
Dans un entretien publié dimanche 23 février 2020 sur TSA, l’ancien diplomate estime que « le débat sur la structuration est récurrent et n’a pas toujours de saines intentions ». Pour lui, ce débat semble « destiné à affaiblir un mouvement horizontal par nature et par destination que l’on veut réduire à une contestation pour mieux le domestiquer.»
Interrogé sur l’échec supposé du Hirak, M. Rahabi a indiqué : « Il s’agit avant tout d’une révolution culturelle dans laquelle rien ne sera plus comme avant sur le plan des libertés et de la gouvernance notamment en matière de contrôle de la richesse publique et de la justice.» Expliquant que « c’est ce saut qualitatif qui autorise à dire que le Hirak a réussi en dépit des résistances au changement d’un système déphasé.»
Évoquant le dialogue auquel a appelé le Président, l’ancien ministre a rappelé qu’il a toujours milité en faveur des convergences et de toute forme de dialogue de nature à sortir notre pays des incertitudes qui marquent la vie de la nation dans un environnement régional des plus menaçants.
Cependant, M. Rahabi espère que le président Tebboune « ne rencontre pas beaucoup de résistance au sein de l’État rentier et liberticide qui est, historiquement le principal responsable de l’échec des expériences de refonte du système politique sous les présidents Chadli et Zéroual.»
Questionné sur les présidentielles du 12 décembre dernier pour savoir si elles étaient une sortie de crise, l’ancien diplomate a indiqué, dans le même entretien, que « le consensus national pour un pacte de gouvernabilité est encore possible même si notre culture en la matière est en pleine formation et n’a pas atteint le stade de maturité requis ».
M. Rahabi estime qu’il est encore possible d’envisager de faire de ce mandat « un mandat de transition si l’agenda électoral envisagé satisfait réellement aux exigences de transparence et de régularité.»