On pourrait ajouter à ces deux causes, la volonté des États Unis d’Amérique, premier exportateur mondial d’hydrocarbures, et de son allier saoudien qui préside au destin de l’Opep, d’asphyxier économiquement l’Iran, devenu leur ennemi commun, en lui interdisant de commercer son pétrole ailleurs qu’en Chine qui, non seulement, en achète beaucoup moins à cause de la crise qui affecte son économie, mais également, à plus bas prix.
Il y a, pour tous ces éléments objectifs, de bonnes raisons de s’inquiéter que ce déclin des prix s’installe dans la durée et ruinent tous les pays qui n’ont pas su diversifier leurs économies. C’est le cas de l’Algérie qui ne vit que de ses recettes d’hydrocarbures qui perdent chaque jour de leurs consistances sous le double effet de cette baisse des prix et de la réduction des volumes de gaz et de pétrole qu’elle exporte. Le boum de consommation intérieur et l’absence de nouveaux gisements opérationnels, laissent en effet de moins en moins de quantités d’hydrocarbures à exporter.
Les prix du pétrole étant déterminés par la loi de l’offre et de la demande qui, dans les conditions objectives actuelles, ne plaide pas pour une remonté des prix, il ne reste comme seule variable possible que le Cartel de l’Opep, qui interférer sur la loi du marché en réduisant les quotas d’exportation des pays membres. Si une telle décision venait à être prise elle ne pourrait dans le meilleur des cas que stabiliser les cours à leurs niveaux très faibles actuels.
C’est donc un choc pétrolier d’une grande ampleur qui se profile à la faveur des données structurelles que nous avions évoquées. Un choc qui ne manquera pas de ravager les économies des pays trop fortement dépendants des recettes d’hydrocarbures. L’Algérie a, à titre d’exemple, besoin d’un baril à 110 dollars (estimation du FMI en 2015) pour faire fonctionner son économie, financer les transferts sociaux auxquels elle a habitué les algériens, assurer un minimum de dépenses d’équipement et payer les quatre millions de fonctionnaires et environ 1,5 millions de retraités. Il faut savoir que le déficit budgétaire de cette année n’est pas loin de 10% du PIB, ce qui est énorme et inconcevable sous d’autres cieux. La question est de savoir comment le gouvernement va s’y prendre pour mettre en œuvre son ambitieux programme d’actions avec un tel déficit, un rendement fiscal en déclin et aussi peu de recettes d’hydrocarbures à attendre ?