Le ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Ait Ali, a annoncé hier mardi, lors de l’émission « Dialogue économique », diffusée sur la télévision nationale, une mesure d’urgence permettant de « libérer, d’ici la fin de cette semaine, les conteneurs des kits SKD/CKD importés avant avril dernier dans le cadre du régime préférentiel ».
« Nous avons encouragé, avec différents moyens, des industries qui ne sont pas des industries », a-t-il affirmé, en indiquant que « le climat des affaires, notamment le cadre juridique du secteur industriel s’est détérioré durant les deux dernières années ».
Il a souligné que le Conseil National d’Investissements n’avait pas de prérogatives pour légiférer, annonçant que l’un des premiers chantiers de son ministère est de revoir les textes juridiques régissant l’économie nationale, et en particulier le secteur industriel.
Il cite, à titre d’exemple, le code de l’investissement qui a connu une instabilité depuis 2009, notamment les avantages accordés aux opérateurs économiques nationaux et étrangers. « Les partenaires étrangers se plaignent de l’instabilité juridique en Algérie. Beaucoup de texte sont appliqués avec une double lecture », a-t-il indiqué.
Le ministre propose de réviser le code de l’investissement avant l’été prochain, précisant qu’il a été révisé à plusieurs reprises, à la faveur de différentes lois de finances complémentaires de 2009, 2010 et 2016.
Il a rappelé que « l’acte économique ne peut pas être régi directement par le pouvoir politique et l’administration », soulignant que le but de son ministère est que « tous opérateurs économiques, qu’ils soient algériens ou étrangers, sont égaux devant la loi », notamment en ce qui concerne les avantages qui leur sont accordés. Ferhat Ait Ali souhaite ainsi un code de l’investissement clair et transparent pour tous les acteurs économiques.
Le ministre propose de revoir les missions de l’Agence Nationale du Développement et de l’Investissement (ANDI) qui a vu ses prérogatives se restreindre au profit du Conseil National de l’Investissement (CNI), notamment pour les projets impliquant des partenaires étrangers.
La règle 49/51, privatisation et assemblage SKD/CKD
Invoquant la suppression de la règle 49/51 régissant l’investissement étranger en Algérie, dans le cadre de la loi de finances 2020, M. Ait Ali a indiqué que cette règle a perturbé plusieurs investissements étrangers, notamment les plus grands dans l’automobile ou l’électronique.
Toutefois, la règle 49/51 est maintenue dans la loi de finances 2020 pour les secteurs stratégiques. A ce propos, le ministre a indiqué que son département ministériel s’attèlera à mettre en place les critères de base permettant de définir ces secteurs.
« Nous devons déterminer définitivement les secteurs dits stratégiques et ne plus laisser la porte ouverte à d’autres secteurs », a-t-il soutenu, ajoutant « nous devons encourager l’investissement local, qu’il soit public ou privé, et ce en levant toutes les contraintes ».
« ENIEM devrait être prioritaire pour l’assemblage »
Interrogé sur les difficultés financières des entreprises publiques, notamment ENIEM, Ferhat Ait Ali a salué le prêt 1,1 milliard de dinars accordé par la Banque extérieure d’Algérie (BEA) à l’entreprise publique, indiquant que l’ENIEM a été mise en concurrence avec d’autres entreprises qui importent chez les mêmes fournisseurs étrangers, et ce avec un taux d’intégration nul.
« Si on doit faire de l’assemblage, l’ENIEM devrait être prioritaire », a affirmé le ministre de l’Industrie, tout en dénonçant une concurrence importante et déloyale dans cette filière.
Il a indiqué que certains groupes industriels sont des gouffres financiers et les gouvernements successifs n’ont pas pu mettre le doigt sur leur dysfonctionnement. « Nous devons trouver une solution définitive au complexe d’El Hadjar », a-t-il affirmé, en écartant d’emblée l’assainissement financier, comme solution. Le ministre a indiqué qu’il y aura des plans de relance pour certains groupes publics d’ici la fin de l’année, sans donner plus de détails.
Il a affirmé, dans le même sillage, que certains groupes ont hérité de « canards boiteux » de la période des privatisations au dinar symbolique et sans aucun plan de relance, en qualifiant la privatisation des années 2000 de « braderie ».
Le ministre a indiqué que le problème était que le Trésor public avait assumé le fardeau des licenciements et que les gouvernements précédents ont vendu les actifs de certaines institutions publiques au dinar symbolique.
Abordant les différentes usines d’assemblage, notamment dans le secteur de l’automobile, M. Ait Ali a indiqué qu’ils peuvent continuer leurs activités, mais ne bénéficieront plus d’avantages douaniers et fiscaux, en annonçant une nouvelle législation. Rappelons que l’Algérie ne peut plus importer et les réserves de changes s’épuisent.