Le Conseil Mondial de l’Or (WGC) vient de classer l’Algérie parmi les plus importants pays détenteurs d’or. Avec 173,6 tonnes en stock notre pays figure en effet parmi les 25 nations qui détiennent les plus grandes réserves d’or dans le monde.
Dans ce tout récent bulletin datant d’à peine une dizaine de jours, cet observatoire international de la production et des transactions aurifères, donne une appréciation positive de cette importante épargne en or dont les prix n’ont pas cessé d’augmenter depuis la crise économique de 2008 et qui continuent aujourd’hui encore, en raison des difficultés qui affectent les principales locomotives économiques du monde. Considérée comme une valeur refuge dans les périodes de crises, l’or a, comme l’indiquent les mercuriales, fortement augmenté de prix au cours de ces dix dernières années, pour atteindre 1561,74 dollars l’once (31 grammes) le 24 janvier dernier à la bourse de New York. A cette date on peut donc chiffrer le stock algérien à environ 10 milliards de dollars.
On trouve à la tête des pays possédant les plus importantes réserves d’or, les États-Unis qui continuent de dominer avec un stock de 8.134 tonnes, suivis par l’Allemagne avec une réserve en légère progression de 3.370 tonnes et l’Italie avec 2.452 tonnes. La France en compte 2.436 tonnes.
Si en matière de classement mondial, l’Algérie est loin de ces mastodontes, au niveau régional elle s’en tire par contre plutôt bien, puisqu’elle arrive à la troisième place avec ses 173,6 tonnes, juste après l’Arabie Saoudite et le Liban et, bien loin devant, la Libye (117 t), l’Irak (96 t) et l’Égypte (79t).
Si les statistiques du Conseil Mondial de l’Or, indiquent des variations périodiques de stocks pour chacun des pays concernés, il est tout de même étonnant de constater sur les tableaux de ces cinq dernières années, que l’Algérie déclare toujours la même quantité qu’elle avait quantifié en 2015, soit 173,6 tonnes. N’ayant à notre connaissance ni vendu, ni acheté des lingots d’or le niveau inchangé du stock a de quoi susciter des interrogations. D’aucuns s’étonnent en effet de cette curieuse stagnation de la réserve d’or algérienne qui aurait du connaître une augmentation ne serait-ce que du fait de l’apport des mines d’Amesmassa, Tirek et Tiririne (Tamanrasset), qui auraient extrait, au minimum 20 tonnes d’or au cours de ces cinq dernières années, selon les chiffres du ministère de l’Industrie et des Mines. Où est passé cette production d’or dont au moins une partie aurait du rejoindre les coffres forts de la Banque d’Algerie? Ni cette dernière, ni même, la société nationale qui exploite les gisements d’Amesmassa et Tirek (ENOR) n’ont soufflé mots sur cette énigme qui intrigue l’opinion publique algérienne. La question est importante, notamment en ce début de récession économique et on ne comprend pas pourquoi, les députés et sénateurs, dont la vocation est de faire la lumière sur tout ce qui touche au patrimoine public, n’ont pas invité le Gouverneur de la Banque d’Algérie à s’expliquer, en tant que premier responsable de nos réserves d’or ? Seul l’ex ministre de l’Industrie et des Mines, Youssef Yousfi, avait été interrogé en 2018, sur cette intrigante question de la production d’or qui n’est comptabilisée nulle part. Ce dernier avait, comme on s’attendait, volontairement zappé la question en centrant sa réponse uniquement sur la mauvaise santé financière de l’ENOR et sur une probable reprise de la production après l’assainissement financier dont venait de bénéficier l’entreprise. Le ministre avait même tablé sur une production de 2,86 tonnes en 2018. Faute d’informations fiables nous ne sommes évidemment pas en mesure de faire état du niveau de production atteint à cette date, ni même, où elle en est aujourd’hui.
On ne comprend toujours pas pourquoi, dans l’état actuel de nos réserves de change (moins de 50 milliards de dollars), de recul de l’investissement et de très forte hausse de la demande sociale, le gouvernement algérien donne si peu d’importance à cette question centrale du stock d’or qui stagne anormalement au même niveau depuis bientôt cinq années. Il sait pourtant pertinemment qu’une augmentation de cette réserve d’or est de nature à donner à nos partenaires étrangers une idée plus positive de la santé financière du pays. En effet, pour les opérateurs étrangers, plus le stock d’or est élevé, plus la solvabilité de l’Algérie est forte, notamment au regard des investisseurs et créanciers. Immédiatement convertible en moyens de paiement, l’or représente effectivement, au même titre que les réserves de change, une garantie supplémentaire à même de susciter d’intenses courants d’affaires avec l’Algérie, quand bien même, les recettes d’hydrocarbures seraient en baisse.