Après quelques semaines d’accalmie, les autorités sont revenues à la charge en fermant deux églises, cette fois, dans la wilaya d’Oran, a alerté l’association de l’église protestante en Algérie (EPA) dans un communiqué rendu public.
Il s’agit des deux églises protestantes dans la wilaya d’Oran, sises respectivement à El Ayaïda et Oran-ville qui avaient été déjà mis sous scellés respectivement le 9 novembre 2017 et le 27 février 2018, avant d’être rouvertes en juin 2018 sans conditions par ordre du wali d’Oran
« Au moment où l’Église Protestante d’Algérie (EPA) s’attendait à la levée des scellés apposés sur ses douze lieux de culte durant ces derniers mois, suite aux promesses formulées par le nouveau Gouvernement installé, qui a promis d’œuvrer pour une « Algérie nouvelle » où les droits de tous seront garantis, c’est le contraire, malheureusement, qui se produit », écrit l’EPA dans son communiqué.
« En effet, les autorités sont revenues à la charge, la semaine dernière, après une accalmie de deux mois, en ordonnant par le biais de la justice la fermeture de deux autres lieux de culte protestants dans la wilaya d’Oran, sis respectivement à El Ayaïda et Oran-ville. Cette fois-ci, le wali d’Oran est passé par le tribunal administratif de la région pour obtenir la fermeture de ces deux lieux culte », précise la même source.
Selon l’EPA, le même motif est invoqué par les autorités pour justifier ces fermetures abusives, à savoir « exercice de culte sans autorisation ». Pour l’association, « ce motif est abusif et infondé, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, explique la même source, « ces deux églises sont bel et bien affiliées à l’Association de l’Église Protestante d’Algérie (EPA), qui dispose d’un agrément en bonne et due forme délivré par l’État algérien en 1974 ».
« L’agrément de l’EPA est valable et légal, car elle a procédé à toutes les démarches de mise en conformité avec les textes législatifs et réglementaires parus depuis, y compris la nouvelle loi de 2012 sur les associations », souligne l’EPA.
Deuxièmement, précise la même source, « les responsables de ces deux églises se sont rapprochés, par le passé, des services de la wilaya d’Oran pour déposer des dossiers de régularisation, conformément aux instructions du ministère de l’Intérieur, mais aucune suite n’a été réservée à leur démarche ».
Troisièmement, relève l’EPA, « la commission nationale des cultes, prévue dans le cadre de la loi 2006 régissant le culte autre que musulman, censé délivrer ces autorisations, n’a jamais siégé à ce jour ! »
Selon cette association, « paradoxalement donc, les autorités usent du prétexte de « non-conformité à la réglementation » pour fermer les lieux de culte des églises protestantes ».
« Ceci dit, malgré l’acharnement, l’injustice et la pression qu’elle subit depuis plus de trois ans maintenant », l’EPA reste « confiante quant à une issue favorable à cette situation ».
L’EPA interpelle, une fois de plus, les hautes autorités du pays « pour mettre fin à cette vague de fermeture abusive des lieux de culte protestants et procéder à la réouverture de ceux déjà mis sous scellés », conclut le communiqué.
Rappelons que, entre novembre 2018 et octobre 2019, 12 églises affiliées à l’église protestante d’Algérie ont été fermées dans les wilayas de Béjaïa et Tizi-Ouzou. Au niveau de cette dernière, trois églises protestantes ont été mises sous scellés de septembre à octobre de l’année écoulée.
Dans une sortie médiatique en octobre dernier, l’ex-ministre de l’intérieur Salah Eddine Dahmoune avait qualifié les églises fermées de « hangars ».
Il avait déclaré depuis khenchela que les services du ministère de l’Intérieur ont procédé à « la fermeture récemment d’hangars convertis en églises activant illégalement dans quelques wilayas du pays ».
« Douze (12) sur 49 hangars transformés en églises et activant de manière illégale ont été fermés », avait-il ajouté, affirmant que « les mesures coercitive nécessaires seront prises à l’encontre des gestionnaires et ceux qui fréquentant ces églises illégales ».
Il avait ajouté que l’intervention des services du ministère de l’Intérieur pour fermer les églises illégales vient suite à des plaintes déposées par des citoyens sur des activités « suspectes » dans ces hangars.
Toujours en octobre 2019, un rassemblement des représentants de l’église protestante d’Algérie avait été réprimé devant la wilaya de Tizi-Ouzou.
Ils tenaient un sit-in en soutien à la communauté protestante, devant la Wilaya de Tizi-Ouzou suite à la fermeture de plusieurs églises. Plusieurs d’entre eux ont été malmenés et embarqués par la police avant d’être relâchés une heure plus tard.