Cette présente analyse est une synthèse de mes différentes contributions depuis plus d’une trentaine d’années. Ne vendons pas des rêves utopiques à la population algérienne, l’Algérie devant connaître des tensions budgétaires entre 2020/2025 d’où l’importance d’une gouvernance rénovée, un sacrifice partagé et une réorientation urgente de toute la politique socio-économique. Un discours de vérité s’impose autant que le réalisme loin des mesures d’injonctions bureaucratiques du passé.
Le monde connait une métamorphose impliquant des stratégies d’adaptations perpétuelles aux nouvelles mutations tant géostratégiques, militaires, politiques et économiques mondiales 2020/2030, n’existant pas de situation statique.
Des chantiers complexes qui impliquent une mobilisation générale et un dialogue productif entre les différentes forces sociales.
1.Je recense principalement 16 axes directeurs
Premièrement, la loi des hydrocarbures 2019 pour être opérationnelle devrait s’inscrire dans le cadre d’une loi organique de la transition et de la nouvelle consommation énergétique ( efficacité énergétique et dynamiser les énergies renouvelables) et afin, au vu de la forte consommation intérieure et des nouvelles mutations énergétiques mondiales, que l’Algérie puisse honorer ses engagements internationaux.
Deuxièmement, le récent découpage administratif, vision bureaucratique administrative avec d’importantes dépenses alors que l ‘objectif comme dans tous les pays développes afin de rapprocher l’Etat du citoyen est d’utiliser les nouvelles technologies (e-administration) et d’aller vers de grands pôles économiques régionaux et indirectement comment réformer l’administration et lutter contre la bureaucratie néfaste.
Troisièmement, comment mettre en place des subventions ciblées inter socioprofessionnelle et interrégionale passant par un système d’information fiable en temps réel, qui s’est totalement effrité.
Quatrièmement, quel impact sur les équilibres financiers d’augmenter le SMIG sans aborder la sphère informelle qui permet un revenu collectif qui risque de provoque une spirale inflationniste.
Cinquièmement comment éviter l’épuisement des réserves de change fin 2021 courant 2022 et le retour au FMI devant analyser objectivement l’impact de la mauvaise allocation des ressources, du financement non conventionnel, de l’endettement extérieur ciblé. Les importants scandales financiers mis en relief récemment devant l’opinion publique impliquent de saisir les liens entre la production de la rente ( (refonte de la gestion de Sonatrach), le système financier lieu de distribution de la rente impliquant la refonte de tous les segments du ministère des finances : banques, fiscalité, domaines, douanes et l’IGF.
Sixièmement, comment mettre en place de nouveaux mécanismes de régulation pour combattre la corruption, afin qu’elle ne soit pas conjoncturelle, les mêmes causes reproduiront les mêmes pratiques impliquant la réhabilitation de la Cour des comptes qui devra travailler en collaboration avec les autres institutions et éviter les doubles emplois pour plus de cohérence
Septièmement, comment redynamiser deux institutions stratégiques inscrites dans la Constitution, la Conseil National de l’Energie et le conseil économique et social en berne depuis plus de 20 ans.
Huitièmement, comment rapatrier les fuites de capitaux à l’étranger devant distinguer la part dinars dont celle dans la sphère informelle insaisissable, celle à l’étranger placés dans des paradis fiscaux ou en bons anonymes également insaisissables sauf bien entendu pour les biens réels tangibles avec de longues procédures judicaires pour l’étranger.
Neuvièmement, comment s’adapter au nouveau monde au sein de sous intégrations régionales (espace méditerranée et Afrique, espace naturel de l’Algérie) au sein de sous segments de filières internationalisées devant distinguer le marché intérieur du marché extérieur où l’Algérie fin 2019 a un produit intérieur brut seulement de 180 milliards de dollars irrigué à 80% directement et indirectement par la rente des hydrocarbures qui procurent directement et indirectement avec les dérivées environ 98% des recettes en devises.
Dixièmement, devant éviter tout juridisme, ayant les meilleurs lois du monde rarement appliquées, définir les segments stratégiques et non stratégiques qui sont historiquement datés, revoir la règle des 49/51% comme je le recommande depuis 2010, et quels sous segments privilégier où l’Algérie a un avantages comparatif en termes de cout/qualité aux normes internationales et ce sans démagogie : tourisme,(qui ne se limite pas seulement aux infrastructures mais surtout à l’environnement), segments agriculture, segments industrie, nouvelles technologies et la culture -sport souvent oublié qui par le monde procurent du capital argent et créent des emplois.
Onzièmement, comment mobiliser le capital humain pilier du développement et financier (moyen), en intégrant la diaspora, pour créer 350.000/400.000 emplois par an, pas des emplois administratifs mais des emplois créateur de valeur ajoutée, où les nouvelles technologies modifieront 2020/2030, et la gestion des institutions militaires et civiles, des entreprises , la structure de l’emploi et le comportement des ménages, supposant de faire le bilan de toutes les institutions supposées de créer des emplois ‘Andi, Ansej avec le bilan de tous les avantages fiscaux et financiers) et la réforme profonde du système socio-éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle.
Douzièmement, comment régler le problème du foncier industriel et agricole pour ce dernier, ne devant pas être utopique, l’Algérie ayant un climat semi aride, la production étant fonction essentiellement des aléas climatiques.
Treizièmement, comment, assurer la nécessaire cohésion sociale (lien entre efficacité économique et justice sociale) instaurer une économie de marché concurrentielle à finalité sociale, et réformer le système de retraite afin d’éviter son implosion.
Quatorzièmement, comment en conciliant la modernité et notre authenticité,(un pays sans son histoire est comme un corps sans âme), restructurer les partis du pouvoir et de l’opposition et les organisations de la société civile, afin qu’ils deviennent des intermédiaires crédibles entre l’Etat et le citoyen, comment redonner confiance à la jeunesse et promouvoir le rôle de la femme signe de la vitalité de toute société.
Quinzièmement, comment redonner confiance en l’avenir, par la refonte de l’Etat devant définir le régime (présidentiel- semi présidentiel- parlementaire) et du système judiciaire qui devra être véritablement indépendant et non instrumentalisé dans la nouvelle constitution.
Seizièmement, comment réformer notre diplomatie bureaucratisée et la politique étrangère qui devrait se fonder sur des réseaux afin qu’elle intègre notre émigration marginalisée et soit un soutien actif aux affaires économiques et de nos actions internes et quelle stratégie de notre appareil de défense /sécurité face aux tensions géostratégiques à nos frontières et comment l’adapter aux nouvelles technologies.
2. Dépasser l’entropie actuelle
Sans vison stratégique, sans bonne gouvernance et la valorisation du savoir en ce monde instable et turbulent, il ne faut pas s’attendre à des miracles, mais à une régression économique et sociale de l’Algérie.
Pour dépasser l’entropie actuelle et donc la crise politique et économique actuelle, il convient d’analyser la stratégie des acteurs internes et externes. Un modèle économique non porté par des forces politiques, économiques et sociales n’a aucun sens et aucune portée opérationnelle.
Il s’agit en tout premier lieu d’identifier les différents intervenants dans le processus des réformes économiques, qu’ils y soient favorables ou défavorables, qu’ils soient nationaux ou étrangers.
Dans une seconde étape, il s’agira de procéder à l’analyse des stratégies qu’ils mettent en œuvre pour soutenir les réformes, les bloquer ou, à défaut, les ralentir, en évaluant les moyens mis au service de ces stratégies.
Nous sommes à l’ère de la mondialisation où les lois économiques sont insensibles aux slogans politiques. Le poids économique est déterminant dans les relations internationales, l’Economique, ne pouvant distribuer ce que l’on n’a pas préalablement produit, quitte à conduire le pays au suicide collectif.
Je tiens à réaffirmer, mes postions constantes, ayant des amis de toutes tendances et de toutes les régions du pays, que je respecte toutes positions contraires, devant éviter tout dénigrement.
Je respecte le choix contraire mais l’on doit respecter mon choix. Nous sommes tous algériens et chacun aime l’Algérie à sa manière, personne n’ayant le monopole du patriotisme, à différencier du nationalisme chauviniste source d’intolérance.
Il faut apprendre à tolérer nos différences à nous respecter, à écouter les avis contraires, source d’enrichissement mutuel, Personne n’a le droit en Démocratie d’imposer par la violence son point de vue et le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir.
Je citerai le grand philosophe Voltaire : « monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai toujours de toutes mes forces pour que vous puissiez le dire ».
Le déterminant est la résolution de la crise politique rapidement, sans laquelle aucun investisseur sérieux ne viendra. En fin de compte l’Algérie sera ce que les algériennes et les algériens voudront qu’elle soit. [email protected].
Contribution du Pr Abderrahmane Mebtoul- (docteur d’Etat en sciences économiques ( 1974) expert compte de l’institut supérieur de gestion de Lille voir différentes contributions-ancien haut cadre supérieur au niveau des appareils de l’Etat