La cérémonie d’investiture du nouveau président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a soulevé une interrogation quant au collier qu’il y portait. Explication.
Les téléspectateurs et internautes ont tiqué sur le collier que portait le chef d’État lors de la cérémonie. Si les plus conspirationnistes y ont tout de suite vu la preuve irréfutable du projet judéo-maçonnique derrière son élection, une majorité s’est tout de même interrogée sur cette décoration qu’elle découvrait pour la première fois. Si l’on rembobinait la vidéo de la cérémonie, on apercevra qu’Abdelmadjid Tebboune ne portait pas ledit collier au moment où il prononçait la formule prévue par la Constitution en jurant sur le Coran. En effet, ce n’est qu’après sa prestation de serment qu’il a été décoré. La présidence de la République algérienne ne conférant aucun ornement de la sorte au détenteur de la magistrature suprême, le questionnement subsiste.
Mais le mystère est levé dès l’attribution de la même médaille à l’ex-chef d’État Abdelkader Bensalah et au chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah. Car il s’agissait bien d’une médaille, et en l’occurrence de la médaille de l’Ordre de mérite national du rang « Sadr ». Cet ordre honorifique, institué par le président Chadli Bendjedid en 1984, récompense les « services exceptionnels contribuant à rehausser le prestige du pays ». Tandis que le rang « Sadr » représente la distinction la plus haute, dont a été décernée aux seuls chefs d’État algériens Ahmed Ben Bella, Houari Boumediène (à titre posthume), Rabah Bitat et Ali Kafi.
Que le duo Bensalah-Gaïd Salah aient été décorés de cette médaille trouve son explication dans ce que le pouvoir estime comme une gestion de la crise politique exemplaire, sans effusion de sang et en assurant la continuité des institutions. On félicite Bensalah pour avoir su ouvrir la voie de la sortie de crise en assistant l’ANIE dans son organisation d’une élection transparente et régulière, et Gaïd Salah pour d’avoir fait de l’ANP un rempart dissuadant toute ingérence étrangère durant la période de « vide constitutionnel ». Que Tebboune, lui, se voit décerner la même décoration, au-delà de l’exigence d’assortissement du décorum, peut émaner d’une volonté de le munir du maximum de symboles de grandeur dans sa mission d’étouffer le feu de la contestation.