« Un grand pas pour l’homme politique, et un pas de géant pour l’Algérie » ; c’est l’image qui ressort de la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune. Du fait qu’on peut le dire, le pire a été évité durant les dernières heures de la campagne électorale. Dans la mesure où un vent sournois de division a soufflé sur le pays, à la grande joie des prédateurs étrangers qui ont vu dans la faiblesse du taux de participation au scrutin de certaines wilayas le terreau fertile pour y planter les graines de la haine, de la discorde et de la violence, qui ont précipité la chute de certains pays voisins, où au nom de la démocratie, des civils ont été sacrifiés à l’autel du changement radical.
Ceci dit, l’élection du Président Tebboune est loin d’avoir porté l’Algérie sur la Lune, mais on peut avoir la petite prétention de reconnaître le fait indéniable d’une légitimité constitutionnelle, en attendant celle émanant du peuple. Car, sur le chantier politique, le grand défi du président de la république demeure cette absence de consensus, cette fracture qui existe entre ceux qui ont soutenu la voie constitutionnelle, et ceux qui ont penché la période de transition. Conséquence de cette croisée des chemins : la rue rejette le processus électoral et ses résultats, réclame la satisfaction des revendications qui se résument dans cette conjoncture à la libération des détenus d’opinion, refuse le dialogue proposé par le président Tebboune, alors que tous les partis et les conglomérats qui soutenaient le Hirak l’ont accepté.
C’est dire à quel point, le fossé est profond, et réussir l’exploit de démêler les nœuds qui ont longtemps nourri la discorde sociale, ne tient évidement pas sur le contenu, bien que convaincants, des deux premiers discours présidentiels. Il est certain cependant que si les résultats des élections présidentielles ont fait autant d’heureux que de mécontents, elles n’ont pas manqué d’acter, notamment avec l’investiture du président ce jeudi, la fin d’une période complexe. Est-ce une fissure ou une renaissance ? Seules les premières actions du nouveau président de la République algérienne, Abdelamdjid Tebbounne, le diront.
Pour les experts, c’est dans la désignation du nouveau gouvernement, et dans la révision de la constitution que jailliront, ou pas, les premières étincelles d’une volonté politique à parapher définitivement la voie du changement. Ils estiment que la distribution des portes-feuilles de l’État révélera à travers le profil des nouveaux ministres, notamment celui du Premier ministre, l’orientation à laquelle sera rattaché le nouveau exécutif, et qui ne manquera pas de renseigner les citoyens sur la confirmation des craintes de la reconduction de l’ancien système ou la satisfaction de découvrir les premières étincelles de l’Algérie nouvelle.
Pour l’heure, les réactions sur les réseaux sociaux, les chaînes de télévision nationales et étrangères s’enflamment autant dans le bon que dans le mauvais sens et prennent des directions et connotations aussi fondées que sibyllines. Alors que de l’autre côté de la méditerranée, les félicitations pleuvent, mais sans unanimité du fait que pour certains chancelleries au dessein sournois, l’occasion d’asséner le coup de grâce au plus grand pays de l’Afrique à travers la division, annonciatrice de chaos et de révolutions colorées au nuances des grands lobbys, n’a désormais plus cours.