La COP25 ne restera sans doute pas dans les annales. Un accord a minima a été adopté en séance publique, dimanche 15 décembre, mais aucun terrain d’entente n’a été trouvé sur les points essentiels permettant de répondre à l’urgence climatique. Les discussions ont par exemple échoué sur le thème des règles des marchés carbone internationaux, dernier volet du manuel d’utilisation de l’accord de Paris de 2015.
Quatre ans après l’accord de Paris, la réunion de Madrid faisait figure de test de la volonté des Etats de répondre collectivement aux mises en garde des scientifiques, qui préviennent que la hausse des températures atteindra bientôt un point de non-retour si les émissions- carbone ne diminuent pas de manière drastique.
Au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, le mercure pourrait gagner jusqu’à 4 ou 5 °C d’ici la fin du siècle. Même si les quelque 200 signataires de l’accord de Paris respectaient leurs engagements, le réchauffement dépasserait 3 °C. La COP25 devait théoriquement se finir vendredi soir, mais les divisions immenses sur des sujets majeurs comme l’ambition et le financement ont repoussé les discussions jusqu’à dimanche pour tenter de préserver les apparences.
La déclaration finale se contente de reconnaître le « besoin urgent » de réduire l’écart entre les promesses de réduction des émissions carbone et l’objectif de l’accord de Paris de contenir l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Samedi matin, une proposition de texte de la présidence chilienne avait entraîné une fin de non-recevoir de nombreux pays, pour des raisons parfois diamétralement opposées, les uns réclamant plus d’audace, les autres traînant les pieds. « Où était Emmanuel Macron ? Le président français n’a pas daigné faire le déplacement à Madrid pour sortir les négociations climatiques du bourbier » et défendre l’accord de Paris, a notamment réagi Greenpeace dans un communiqué.
Tous les Etats doivent soumettre d’ici la COP26 à Glasgow une version révisée de leurs engagements. A ce stade, quelque 80 pays se sont engagés à présenter un rehaussement de cette ambition mais ils ne représentent qu’environ 10% des émissions mondiales. Les appels de nombreux pays et de l’Union européenne, qui s’est engagée à parvenir à la neutralité carbone en 2050, à adopter des objectifs plus ambitieux se sont heurtés jusqu’au bout à la résistance de plusieurs gros pollueurs, notamment le Brésil, la Chine, l’Australie, l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, ont déclaré des délégués.
L’Union européenne a « endossé » cette semaine à Bruxelles l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050, mais sans la Pologne, très dépendante du charbon. Les Européens ne se prononceront pas avant l’été sur le relèvement de leurs engagements pour 2030.
Afp