Accueilla deuxPrésidentielle/Mihoubi : Jeune Afrique tient son poulain

Présidentielle/Mihoubi : Jeune Afrique tient son poulain

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Le candidat à la Présidentielle, Azzedine Mihoubi, souhaite établir une République « exemplaire », a-t-il révélé au magazine Jeune Afrique, pour son dernier numéro couvrant la période de l’élection (du 8 au 14 décembre 2019)

L’ex-ministre de la Culture de Bouteflika n’est pas seulement la coqueluche des chaînes de télévision privées, qui ont tenté de démonter ses principaux concurrents Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis. Son bureau n’est pas non plus la destination privilégiée des ambassadeurs seulement. Le candidat du RND s’est, en effet, offert le Graal de la Une sur Jeune Afrique, un luxe que se permettait le président déchu, qui s’était également vu consacrer tout un dossier lors de sa campagne pour sa réélection en 2014, des mois après son AVC.

Un luxe, car la réputation de l’hebdomadaire « panafricain » en matière d’articles « de commande » n’est plus à faire, comme l’avait expliqué le journaliste Vincent Hugeux dans son « Enquête sur les faux amis français de l’Afrique ». Pour le coup, le candidat du RND n’a pas été trompé sur la marchandise ; tout y était, notamment la Une le montrant sur fond blanc les yeux levés vers le ciel, qui contraste avec le regard fuyant et le fond noir de Tebboune. On affiche la belle ambition de l’ex-ministre et on rappelle les accointances de l’ex-Premier ministre avec un Bouteflika qui n’est visiblement plus en odeur de sainteté dans la rédaction de Jeune Afrique. Un jeu de lumière qui ne dupera que les lecteurs les moins attentifs.

Les plus attentifs des téléspectateurs lors du « débat » télévisé réunissant les cinq candidats auront également remarqué un Mihoubi mimant la gestuelle de l’ancien président américain Barack Obama. La version électronique de l’entretien qu’il a accordé lui offre sa première photo « sur le vif » pour grossir sa ressemblance avec celui qui maîtrisait sa communication comme personne.

Bouteflika, détenus d’opinion, RND

Hassiba Hadjoudja, la journaliste apologiste, le décrit comme « affable » et réfléchi, répondant à « voix basse » et qu’après « un grand silence, un sourire ». Il se décrit lui-même comme un « intellectuel porteur d’espoir ». Ce n’est pas l’homme présidentiel, que nenni ! Il aspire à être un dirigeant « honnête et performant ». Son profil « atypique » est ensuite souligné, écrivain, poète, homme politique sur le tard.

La journaliste s’interroge, néanmoins, si le fait qu’il ait exercé sa fonction de ministre sous Bouteflika constituait un handicap. Rajoutons qu’il avait accepté d’assumer cette responsabilité en 2015, soit lors d’un quatrième mandat déjà contesté par la population, et contestable au regard de l’état de santé du président. Mihoubi s’en tire toutefois par une pirouette : il n’était qu’un « citoyen au service de l’État, de l’Algérie et du peuple ». Ses décisions avaient été en effet prises au nom de la République et « pas au nom d’Untel ou d’Untel ». Rappelons encore une fois que lorsqu’il était encore ministre, il ne manquait jamais, à l’image de ses compères, d’évoquer le « haut patronage de Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika » en toute occasion.

S’agissant des militants du Hirak et des personnalités de l’opposition qui se sont retrouvés – et se trouvent toujours – derrière les barreaux depuis le 22 février, le candidat refuse de les appeler « détenus d’opinion ». Il préfère, pour sa part, les qualifier de « personnes poursuivies pour des motifs divers ». Des motifs qu’il estime graves, « concernant essentiellement l’atteinte à l’unité nationale et à ses symboles, comme notre drapeau ».

Enfin, pour ce qui est du sujet épineux du parti dont il est le secrétaire général par intérim, il perçoit comme « un signe de vitalité et de bonne santé démocratique » les dissensions qu’il connaît depuis l’avènement du Hirak. Le RND continuera à être « un pôle nationaliste » et « n’est pas près de s’éteindre ».

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