Le député européen, Raphael Glucksmann, à l’origine de la résolution non contraignante votée jeudi dernier au Parlement européen (PE), sur la situation politique en Algérie, a affirmé que cette résolution marque « la fin du silence complice, de la vraie ingérence, celle du soutien au régime algérien par les gouvernements européens, influencés par les lobbies gaziers et pétroliers, et qui restent très hypocrites sur ce sujet ».
Évoquant la genèse du texte, l’eurodéputé a rappelé, dans un entretien publié ce dimanche 1er décembre 2019, dans les colonnes d’El Watan, que « Parlement européen, nous avons voté des résolutions sur des pays aussi éloignés que l’Indonésie ou sur des sujets parfois sans importance, mais jamais nous n’avons eu un mot pour soutenir ces millions d’Algériennes et d’Algériens qui manifestent depuis des mois pour la liberté, la dignité, la justice ».
Il a souligné, dans ce sens, que le Parlement européen n’a pas eu « un seul mot non plus pour condamner la répression qui s’abat sur le mouvement. Pas un seul mot depuis le début du hirak, alors que l’Algérie est si proche de l’Europe et votre destin si lié au nôtre. Ce silence complice est insupportable, il fallait le briser ».
Interrogé sur la réaction des États européens, Raphael Glucksmann estime que des intérêts puissants sont en jeu. « L’Algérie, c’est le pétrole et le gaz évidemment. Beaucoup de gens, ici, ont intérêt au statu quo. Total n’est pas n’importe quelle compagnie, par exemple. Beaucoup, beaucoup d’argent est en jeu », a-t-il expliqué, dans le même entretien.
Le parlementaire européen a affirmé jeudi dernier que la résolution de solidarité que s’apprêtait à voter le Parlement européen n’était « pas une ingérence c’est la fin d’une immense injustice », soulignant qu’il était « temps de montrer que nous sommes au côté du peuple algérien ».
Le Parlement européen : une résolution non contraignante
Pour rappel, le Parlement européen a vivement condamné l’arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques de journalistes, de syndicalistes, d’avocats, d’étudiants, de défenseurs des droits de l’homme et de la société civile ainsi que de tous les manifestants pacifiques qui participent aux manifestations pacifiques du Hirak.
Il a par ailleurs demandé aux autorités algériennes la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression Samir Belarbi, Karim Tabbou, Fodil Boumala, Lakhdar Bouregaa, Samira Messouci.
Le Parlement européen a invité les autorités algériennes à mettre fin à toute forme d’intimidation, y compris le harcèlement judiciaire et législatif, l’incrimination ainsi que les arrestations et les détentions arbitraires à l’encontre des manifestants pacifiques, des défenseurs des droits de l’homme, des journalistes critiques et des blogueurs ainsi qu’à prendre les mesures voulues pour garantir leur protection physique et psychologique.