Le candidat à la Présidentielle Ali Benflis a expliqué des points de son projet politique lors d’une interview accordées à Al Jazeera.
Le président de Talaie El Hourriyet a indiqué qu’il projette d’ouvrir immédiatement, s’il est élu président, une série de consultations des partis politiques, de la société civiles et des personnalités nationales, dans l’optique de former un gouvernement incluant tous les courants visant la modernisation du pays. Car, souligne-t-il, son programme d’« urgence nationale » implique d’éviter l’exclusion et la marginalisation. Il s’efforcera, dans le même sillage, d’inclure dans une nouvelle Constitution des mesures garantissant à l’opposition la liberté de s’acquitter pleinement de ses responsabilités.
Cette nouvelle Constitution ne sera pas écrite par lui-même, affirme-t-il, avançant sa proposition de charger le Parlement, suite à une élection législative anticipée, de composer un comité dédié à son écriture. Une solution qui s’apparente à l’option de l’assemblée constitutionnelle, proposée par divers acteurs du Hirak.
Dans la même veine, le candidat compte redonner au Premier ministre son rôle, partageant avec le président de la République les prérogatives du pouvoir exécutif. Il reverra également l’équilibre des pouvoirs et prendra des mesures spéciales pour garantir l’indépendance de la Justice, promet-il.
Au volet économique, l’ex-chef du Gouvernement a fait état des difficultés financières auxquelles se confronte l’Algérie. Des difficultés qui dictent la rationalisation des dépenses et l’efficacité dans le fonctionnement de l’État. Pour lui, la politique actuelle de subventions est « un gaspillage de fonds publics qui sert davantage les riches que les pauvres ». Il projette ainsi de réexaminer cette politique d’aide « sans porter atteinte au rôle social de l’État ». Il réservera ainsi des fonds destinés à augmenter les salaires des travailleurs à faibles revenus, en collaboration avec les partenaires sociaux.
Pour ce qui est de la question identitaire, Benflis a rappelé que la composante amazighe de l’identité algérienne était déjà chez lui « une conviction politique bien établie ». Son gouvernement avait contribué largement dans la consécration de l’amazighité aux côtés de l’arabité et de l’islamité. Pour lui, c’est un dossier qui « ne justifie plus de conflit ».
S’agissant de sa vision diplomatique, l’ex-Premier ministre a révélé que sa première sortie à l’étranger aura pour la forme d’une tournée maghrébine, afin de ressusciter la dynamique régionale. Une dynamique qui devra tendre vers un cadre plus d’intégration économique, ajoute-t-il.
Concernant le cas plus précis des relations franco-algériennes, qualifiées de « tièdes » par Al Jazeera, Benflis a répondu qu’il se démarquera de la politique qui a prévalu ces vingt dernières années. Celle-ci a été caractérisée, explique-t-il, par une personnalisation des États ; tandis que sa diplomatie sera déterminée par les intérêts mutuels. Il n’a pas manqué d’affirmer, néanmoins, sa position claire quant au colonialisme, « une guerre d’agression et un crime contre l’humanité ».