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Présidentielle : Programmes économique des candidats « semblables à 80% »

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L’économiste Abdelhak Lamiri a estimé que les programmes économiques des cinq candidats en lice à l’élection présidentielle du 12 décembre prochain « se ressemblent à plus de 80% », estimant que c’est  » tout à fait normal » au vu des « problèmes du pays sont nombreux et complexes » et que « les problématiques diagnostiquées sont les mêmes ». Pour l’économiste « ce que prônent les candidats est tout à fait compatible avec ce que préconisent les anti-élections », a-t-il expliqué.

Dans une contribution traitant des programmes économiques des candidats en lice pour le scrutin de décembre publié ce lundi sur El Watan, Abdelhak Lamiri a indiqué « beaucoup d’analystes ont fait remarquer que les programmes économiques se ressemblent à plus de 80% », et qu' »on mentionne également le fait de faire beaucoup de promesses qui sont très difficiles à réaliser par la suite : comme l’emploi, le niveau de vie, la santé, l’éducation, le logement et tous les autres secteurs qui concernent directement ou indirectement la vie des citoyens. »

« Les problèmes du pays sont nombreux et complexes. En premier lieu, il est normal que les propositions de solutions se ressemblent puisque les problèmes sont les mêmes. Les préoccupations des citoyens se sont vu transcrire dans les programmes économiques des candidats », a-t-il estimé.

« Ce qui va faire la différence devrait être la méthodologie de résolution de ces problèmes »

Selon lui, « ce qui va faire la différence devrait être la méthodologie de résolution de ces problèmes », ajoutant qu' »il est normal que tous les candidats disent que nous allons réduire le chômage par la création de nombreuses entreprises par les secteurs public et privé. Ils peuvent ajouter que l’amélioration du climat des affaires va contribuer grandement à la réalisation de cet objectif », a-t-il préconisé.

« Ce qu’il faut rechercher dans les programmes, ce sont les approches innovantes. Dire qu’ont va aider à la création d’entreprises par les financements, les taxes et l’environnement des affaires a été déjà dit depuis plus de quarante ans. Mais si un candidat va dire : ‘Je vais former une cellule de création d’entreprises, un incubateur, un accélérateur et une cellule de développement dans chaque commune, daïra, wilaya en plus de banques de financement des entités décentralisées’, nous avons là une proposition innovante et en plus qui a donné ses fruits dans de nombreux pays. Faire beaucoup de promesses serait également une activité tout à fait normale en situation de campagne électorale », a estimé l’économiste.

Abdelhak Lamiri a estimé qu' »il ne faut pas en vouloir aux candidats de faire des promesses, mais de voir quelles sont la logique et la méthode de réalisation de ces promesses. »

« Que les programmes se ressemblent serait tout à fait normal puisque les problématiques diagnostiquées sont les mêmes. Maintenant, la qualité des méthodes proposées diffère. La seconde préoccupation a été le nombre impressionnant de promesses faites aux citoyens », a-t-il dit, estimant qu' »en fait, si on arrive à redémarrer l’économie, on peut régler beaucoup de promesses en même temps : emplois, logements, santé, etc., à condition d’y rajouter la méthode. »Prenant l’exemple du logement dont l’offre, selon lui, constructions toutes sortes confondues est à peu près 180 000 par an, Abdelhak Lamiri a expliqué que « la demande se situe à plus de 750 000 par an (nouveaux mariages, vétusté du stock, unités manquantes) ».

« Même si on double les constructions, on ne peut réduire la tension. Relancer l’économie n’est nullement suffisant. Il faut de l’innovation. Par exemple, construire des logements sociaux bas de gamme (coût 1 000 000 DA ou moins) dans des zones à reconquérir pour développer l’agriculture et de nouvelles activités. Ces logements seront boudés par les riches et la classe aisée, mais valorisés par les vrais nécessiteux », a-t-il suggéré.

Selon lui « ce serait un début de solution; on peut en construire quatre fois plus. La demande va également faiblir (ces logements ne seront plus convoités par les citoyens à revenu confortable). Ceci serait une promesse innovante. »

Trouver des propositions innovantes qui feront la différence entre programmes

« Il faut aller au-delà des promesses donc pour voir comment on peut en réaliser celles qui sont légitimes. Est-ce qu’on va créer les conditions de réussite ? Pour avoir une agriculture, une industrie, des services compétitifs et créer suffisamment d’entreprises pour booster l’économie, nous avons surtout besoin de l’économie du savoir : qualifier les citoyens au niveau international, avoir un secteur éducatif de classe internationale, mettre au niveau mondial le management de nos entreprises et nos institutions à but non lucratif et créer les industries du savoir qui nous manquent : sociétés de redressement des entreprises, de qualité, d’exportation, de dé-bureaucratisation, de bases de données, de gestion de l’innovation, de stratégie, etc. C’est cette industrie du savoir qui va booster l’agriculture, l’industrie et les services. Certes, on trouve quelques brefs passages qui lui sont alloués dans les programmes diffusés par les candidats », a préconisé l’économiste.

Mais, a-t-il précisé, « il n’y pas des packages suffisamment élaborés pour s’adresser à la question : par exemple, quel serait le taux de recherche et développement (0,3% chez nous et 2,5 à 4% pour les pays émergents) qu’il nous faut pour améliorer grandement la situation. Bien sûr qu’on met en avant surtout la résolution de problèmes urgents ».

« Mais dans la méthode de résolution, qui apparaît peu dans la communication quotidienne, nous devons trouver des propositions innovantes qui feront la différence entre programmes », a-t-il estimé.

Lamiri a déploré le fait qu' »on ne sait même pas quel est le taux de non-approbation des élections contre les adeptes de cette solution de sortie de crise », qu’il dit « rejetée par une partie de la population et prônée par le pouvoir et une autre partie des citoyens ». « On se demande si les concepteurs de programmes ont été à la hauteur des attentes placées en eux », a-t-il dit.

« Ce qui en dit long sur le niveau de développement des industries de la connaissance dans notre pays. Nous avons peu d’institutions qui savent faire des sondages scientifiques et elles sont tellement marginalisées et peu sollicitées que la plupart abandonnent cette activité pour en financer d’autres plus lucratives », a-t-il regretté.

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