La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a réagi, vendredi dernier, à la suspension des quatre journalistes par la direction du journal « Le Temps d’Algérie » pour avoir critiqué la Une de leur journal.
« Quatre journalistes du média Le Temps d’Algérie sont victimes d’une nouvelle attaque contre la liberté de la presse dans le pays », a écrit la FIJ dans un communiqué diffusé sur son internet.
La Fédération a condamné « cette nouvelle entrave à la liberté de la presse » et » a demandé « au gouvernement algérien une réelle protection des journalistes. »
« Aissa Moussi, journaliste au Temps d’Algérie, a dénoncé le 18 novembre sur sa page Facebook la Une du journal, pour lequel il travaille, faisant la promotion des prochaines élections. Dans son message, il expliquait se « démarquer d’une telle couverture voire même du contenu qui ne reflète aucunement la réalité du terrain. Une honteuse orientation dictée par les nouveaux maîtres du moment au Groupe Média Temps Nouveaux ». Il a été suspendu le lendemain alors qu’il se trouvait dans les bureaux du journal, ainsi que trois de ses collègues qui le défendaient : Saïd Mekla (rédacteur en chef), Mohand Ameur Abdelkader et Fella Hamissi. La suspension des quatre journalistes est effective jusqu’au prochain conseil de discipline lors duquel ils seront jugés pour avoir « porté atteinte et de façon dangereuse à l’image” du journal », a rappelé le FIJ.
L’organisation internationale a noté que « Le Temps d’Algérie est un média anciennement détenu par Ali Haddad, proche du pouvoir et de la famille Bouteflika et fait partie des médias qui ont cessé de couvrir le hirak, les manifestations populaires contre le pouvoir qui ont lieu en Algérie depuis plusieurs mois. Les Unes portent en revanche sur les manifestations de soutien à l’armée ou sur la campagne des élections du 12 décembre prochain, largement contestées par la population. »
Selon la FIJ « cette suspension intervient dix jours après la tribune publiée par 150 journalistes algériens dans laquelle ils appellent le gouvernement à les laisser remplir leur mission d’informer. »
Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ, cité dans le communiqué, a déclaré : « Nous soutenons nos confrères du Temps d’Algérie. Il est tout à leur honneur d’avoir défendu leurs opinions et l’éthique des journalistes et il convient de respecter leur indépendance professionnelle. Cette suspension est inadmissible. C’est une atteinte à la liberté de la presse et plus largement à la liberté d’expression et d’opinion. Nous demandons à la direction du Groupe Média Temps Nouveaux d’abandonner les charges contre ces journalistes et d’annuler leur suspension. »