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Pétrole : Que représente l’entrée en bourse du géant saoudien Aramco ?

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Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé dimanche qu’il allait introduire 1,5% de ses parts sur le Tadawul, indice de référence de la Bourse de Ryad, afin de générer les milliards dont le royaume a besoin pour préparer son économie à un avenir post-pétrolier.

L’Arabie saoudite a estimé que la valorisation de son fleuron national pourrait atteindre 1.710 milliards de dollars.

Investisseurs et analystes ont affiché leur scepticisme face à l’évaluation de 2.000 milliards de dollars souhaitée à l’origine par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

L’entreprise compte vendre 1,5% de la société lors de son introduction en Bourse, acceptant les offres des investisseurs dans une fourchette de prix entre 30 et 32 riyals saoudiens par action (environ 7 euros).

Si le prix atteint le haut de la fourchette, il pourrait éclipser les 25 milliards de dollars levés à New York en 2014 par le géant chinois des ventes en ligne Alibaba, pour devenir l’entrée en Bourse la plus importante au monde.

Aramco a réalisé un bénéfice net de 111,1 milliards de dollars l’an dernier.

Aramco a précisé que son entrée en Bourse devrait rapporter entre 24 et 25,5 milliards de dollars. La majeure partie des revenus ira au fonds souverain saoudien, le Public Investment Fund (PIF), en charge des investissements et qui ambitionne de conduire « la transformation économique de l’Arabie saoudite« .

Le PIF a besoin de plusieurs milliards de dollars pour financer le passage d’une économie ultradépendante du pétrole à un modèle plus diversifié, en investissant notamment dans les nouvelles technologies et dans des mégaprojets d’infrastructure.

Aramco a reconnu que l’instabilité politique et les tensions dans la région, en particulier avec le rival iranien et les groupes qu’il soutient, représentent un risque que les investisseurs doivent prendre en considération.

En septembre, des attaques attribuées à Téhéran – qui a démenti – contre deux infrastructures pétrolières majeures en Arabie saoudite ont temporairement réduit de moitié la production du royaume et provoqué un choc sur les marchés mondiaux de l’énergie.

Les réserves d’Aramco s’élevaient toutefois à 256,9 milliards de barils à la fin de l’année dernière, suffisant pour 52 ans, beaucoup plus que d’autres grandes compagnies pétrolières internationales (entre neuf et 17 ans). Ses coûts de production sont aussi parmi les plus bas au monde en raison de la nature unique des formations géologiques du royaume. En 2018, les coûts n’étaient que de 2,80 dollars (2,5 euros) le baril.

Aramco, qui pompe près de 10 % du pétrole mondial, a reconnu l’impact potentiel de la transition vers l’énergie propre sur son évaluation, y compris le risque de poursuites judiciaires en raison de la responsabilité de l’industrie pétrolière dans le réchauffement climatique.

Les préoccupations écologiques « pourraient réduire la demande mondiale d’hydrocarbures (…) et amener la société à investir des capitaux supplémentaires » pour être plus respectueuse de l’environnement, a souligné Aramco dans un prospectus. « La pression exercée par le changement climatique est devenue le facteur le plus déterminant pour l’évaluation d’Aramco« , a confirmé Hossein Askari, professeur en commerce international à l’Université George Washington.

Aramco a lancé une large campagne publicitaire, avec des panneaux d’affichage et des messages promotionnels dans les centres commerciaux et les distributeurs automatiques de billets à travers l’Arabie saoudite.

L’introduction en Bourse semble miser sur la demande locale, et l’Arabie saoudite a cherché à assouplir les restrictions en matière de prêt pour que les citoyens ordinaires puissent acheter des parts.

Les discours nationalistes fleurissent pour faire de l’achat de parts d’Aramco un devoir patriotique. Dans ce royaume ultraconservateur, des religieux ont par ailleurs assuré qu’une telle opération est permise par l’islam.

Afp

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