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Vers la renaissance du parti communiste algérien ?

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La page Facebook « Sâwt El kâdihîn » a diffusé mardi la proclamation de la constitution du parti communiste algérien, le « parti du prolétariat libérateur et émancipateur des travailleurs ».

Cette proclamation part du constat d’une « remise en cause généralisée et systématique des acquis sociaux et démocratiques arrachés au prix de longues et dures luttes par la classe ouvrière ». Des « réformes scélérates des législations du travail » sont ainsi pointées du doigts ainsi que de celles touchant le système des retraites et le démantèlement et la privatisation du secteur public. Sans oublier « la multiplication des attaques contre les libertés démocratiques et syndicales », ajoute le texte.

Pour le parti communiste en devenir, la prédation étrangère n’est pas qu’un épouvantail électoraliste. En effet, « l’Algérie, par l’importance de ses richesses naturelles et de sa position géostratégique, constitue une cible privilégiée des forces impérialistes internationales ». Elle n’est ainsi pas à l’abri des affrontements qui animent l’économie mondiale pour le repartage des marchés et des ressources.

Démantèlement et terrorisation

Ces forces impérialistes internationales ont mis en application dès 1980 un plan de remise en cause de la politique économique engagée depuis 1970, explique la proclamation. « Une politique dont les résultats positifs étaient déjà perceptibles dans l’amélioration générale du niveau de vie des Algériens », poursuit-elle, faisant référence aux progrès significatifs du pays en matière de développement humain. Un sort qu’ont connu peu d’anciennes colonies si peu après la conquête de leurs indépendances.

Tapies dans les institutions de l’État et les appareils du pouvoir, les agents locaux du Bloc de l’Ouest avaient, pour les auteurs du texte, procédé sous la présidence de Chadli au « démantèlement systématique des outils du développement national par un vaste programme de démembrement des entreprises publiques de production industrielles ». Et ce, afin de créer l’espace à l’introduction des lois de l’économie de marché, « c’est-à-dire le glissement dans le capitalisme ».

« [Ils] ont ainsi inauguré, dès 1979, un processus de mutation progressive de la nature sociale de l’État pour le mettre au service des forces de l’argent, créées par le détournement des fonds et bien publics et protégées par le népotisme, le clanisme et le clientélisme. »

Un plan qui a eu du mal à aboutir, ayant débouché sur des mobilisations populaires qui ont ponctué la gouvernance de Chadli et fini par détrôner Bouteflika. Mobilisations que la proclamation justifie par « l’attachement de la majorité du peuple aux orientations politiques et économiques progressistes engagées par Boumediene ».

Pour mater ces protestations, ces forces impérialistes ont créé « une milice intégriste, sur la base idéologique d’un islam rétrograde fabriquée dans les laboratoires de la CIA ». En effet, « la chaîne de télévision publique leur a réservé, presque chaque jour, au moment de grande écoute et pendant des années, un temps nécessaire pour leurs prêches rétrogrades, fascisants et porteurs de danger pour l’unité du peuple », précise le parti communiste, pour qui ces milices ont servi à « faire le sale boulot ».

Bouteflika : Une politique « programmée »

Quant à l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, c’était une étape programmée du plan initial ; celle où devait se formaliser l’alliance avec les sociétés multinationales, affirme le texte. Avec pour preuves, « le contenu réel de la politique des 20 années de son règne ».

« Tous les projets réalisés ont été confiés aux sociétés étrangères et aux sociétés des proches et des clientèles, sans expérience ni compétences en écartant les sociétés nationales armées d’une maîtrise avérée dans leurs domaines respectifs. »

La proclamation énumère ensuite pêle-mêle la loi sur les hydrocarbures élaborée par Chakib Khelil, la politique de partenariat qui a mis sous tutelle des sociétés multinationales la gestion du complexe sidérurgiques d’El Hadjar, de la carrosserie industrielle de la SNVI, de distribution de l’eau potable des grandes ville du pays, du métro, etc. Pour imposer cette politique, le président déchu a mis à son service les moyens coercitifs de l’État, l’administration, les mille milliards de dollars, la Justice, la propriété domaniale de l’État, pour « un résultat catastrophique ».

Et les auteurs de la proclamation de passer aux décisions prises au niveau de la tripartite, impliquant l’UGTA dans la politique gouvernementale « au profit du patronat ». Le parti de gauche n’est en effet pas tendre avec l’intersyndicale, dont les actions « visaient à taire les revendications des travailleurs par un pacte social décidé sans leur consentement ». Des actions qui ont poussé les employés du secteur privé notamment à organiser des dizaines de grèves « pour dénoncer l’exploitation abusive, l’atteinte à leur dignité, les mauvaises conditions de travail et pour demander des salaires correspondants à leur travail ».

« Dans la plupart des cas, ces grèves se sont terminées par des licenciements massifs. Des licenciements qui aggravent un chômage déjà en progression du fait de l’arrivée de jeunes de la formation professionnelle, des universitaires, et de ceux sans formation à la recherche d’un emploi. »

Les seules mesures prises au profit des masses populaires, explique le texte fondateur du parti, visaient « la création d’une hypothétique paix sociale ». « Les dispositifs illusoires comme le pré-emploi des jeunes ou l’ANSEJ et d’autres sans de réelles perspectives ont plutôt compliqué la vie de ceux qui en ont bénéficié », juge-t-il, citant les cas des « parkingueurs », dealers et autres vendeurs à la sauvette « au service de l’économie informelle ».

La majorité populaire du Hirak prise en otage

Quant au Hirak, la proclamation l’interprète comme une réaction au « degré extrême de déliquescence de l’État des patrons mafieux, décriée et vécue comme une humiliation nationale par la totalité du peuple en dehors de l’alliance présidentielle ». Par ailleurs, pour le parti communiste, ce sont encore les masses populaires qui dominent ce mouvement par leur présence numérique, mais, déplore-t-il, « pas par leurs propres revendications ni par les aspirations qui les ont poussées à manifester leur désaccord avec la domination de la bourgeoisie ».

Le Hirak porte ainsi « le poids des forces libérales et de leurs relais dans les médias qui s’emploient à masquer les contradictions qui le traversent ». Ces forces libérales entendent « le mettre au service de la guerre des oligarques qui domine la crise du système politique algérien ».

Dans cette lutte des idées déséquilibrée et biaisée, le parti communiste estime « vain et illusoire » de croire que le prolétariat puisse entreprendre d’abolir l’exploitation capitaliste sans qu’il se donne pour instrument politique le parti communiste, « un parti qui s’ancre dans les bases sociales de cette transformation révolutionnaire ».

Un noyau de communistes algériens a donc décidé de « reprendre le flambeau des luttes héroïques de leurs aînés du mouvement ouvrier et communiste algérien et international » et de s’atteler « fermement et avec détermination » à la création de ce parti.

Et la proclamation de conclure que l’objectif stratégique du parti communiste algérien est « l’édification d’une nouvelle société où la justice sociale sera garantie et où les moyens de production et d’échange appartiennent à la société, au profit de ceux qui produisent les richesses : une société socialiste ».
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