Zahra Tabbou, l’épouse de Karim Tabbou, en détention provisoire à la prison de Koléa, a révélé dans un entretien publié ce mercredi 30 octobre 2019 dans le quotidien El Watan que son mari est en prison pour avoir refusé d’adhérer au panel de dialogue.
« Karim est en prison pour avoir refusé de mordre à l’hameçon. Depuis la mise en place du sinistre «panel du dialogue», certains de ses membres le harcelaient pour l’inclure dans leur démarche. Plusieurs délégations étaient venues à la maison pour le convaincre et tenter de l’enrôler. Karim n’est pas homme à se laisser amadouer », a-t-elle en effet affirmé.
Une arrestation politique
« Vous comprenez bien que son arrestation est politique et que les accusations fomentées contre lui ne sont que des prétextes », explique-t-elle. Mme Zahra Tabbou est également revenue sur l’arrestation de son mari, en relatant dans les moindres détails l’interpellation de son époux.
« Je n’oublierai jamais ce moment où tout a basculé. Il était midi et demi quand il s’apprêtait à ramener notre fille Nadine (4 ans) de la crèche. On ne sait d’où un groupe d’hommes en civil – huit – ont surgi et se sont s’approchés de lui, lui demandant de les suivre dans leur véhicule. Il a eu la présence d’esprit de me mettre en ligne sur son téléphone portable pour que je puisse écouter la conversation. Il a exigé d’eux de le laisser de remonter à la maison pour qu’il mette son costume et a profité de ce moment pour me remettre un feuillet sur lequel il a noté les numéros de téléphone de son frère et celui de maître Bouchachi », relate par ailleurs Mme Tabbou.
« Les policiers étaient postés devant notre appartement et devant l’entrée de l’immeuble. J’ai attendu jusqu’à 17h avant d’informer l’avocat Mostapha Bouchachi. Ensuite ce fut une longue et angoissante attente, une éternité. Le temps était figé. A ce moment-là, je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur. Je n’ai jamais vu mon mari aussi calme, serein et digne. Il était fort. Je le voyais partir sans savoir ce qui allait advenir. J’ai été saisie d’une colère sourde », poursuit-elle.
Seconde arrestation de Karim Tabbou
Évoquant la deuxième arrestation de son mari, Mme. Tabbou raconte que « quand des policiers en civil ont débarqué à 8h30, Karim était encore endormi – il s’était couché tard – il s’est levé rapidement », poursuivant « la scène fut rapide et surprenante. Mon mari s’est entretenu avec eux durant deux minutes, il s’habille et part avec eux. Il a eu juste le temps de me dire que se sont des agents de l’unité «Antar».
« Nous sommes restés trois jours sans nouvelles de lui. J’ai appris plus tard, par ses avocats, qu’il avait subi un mauvais traitement. Il a été sérieusement bousculé. Il n’a pas été autorisé à prendre contact avec sa famille et son avocat, puis il n’a pas eu droit à une consultation comme c’est d’usage », a-t-elle précisé.
Elle a en outre affirmé que l’absence de Karim a fortement secoué leurs enfants. « Ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne cessent de s’interroger sur ce qui est arrivé à leur père. Ils ne comprennent pas pourquoi il ne rentre pas le soir à la maison. Il leur manque terriblement », explique-t-elle.
Mais les marques de solidarité que reçoit la famille de la part des Algériens l’aident à gérer cette grande épreuve. « Les marques de solidarité que nous expriment les Algériens me donnent du courage. Partout, mes concitoyens se mobilisent pour nous. Au quotidien, les Algériens viennent vers nous, expriment leur sympathie et se préoccupent de notre situation », affirme-elle.