Treize syndicats autonomes (CSA) viennent de réussir ce que les partis de l’opposition n’ont, à ce jour, pas pu réaliser convenablement. Ils ont en effet, pu créer une Confédération de treize syndicats, habilitée à agir au nom de toutes les organisations qu’elle fédère.
C’est un événement d’une extrême importance appelé à changer à terme, le mode de fonctionnement du syndicalisme algérien, autrefois monopolisé par la centrale syndicale UGTA, totalement inféodée au pouvoir. Cette union syndicale appelée à élargir, au gré du temps et des événements, le nombre de ses adhérents, a saisi l’occasion de la révolution du 22 février pour déployer sa force et prendre définitivement la place du syndicat historique UGTA, qui a totalement déserté le terrain des luttes politiques et syndicales, du fait de sa trop grande proximité avec les pouvoirs en place. Cette Confédération de syndicats autonomes, dénommée CSA, rayonne déjà dans pratiquement tous les secteurs d’activité économiques du pays, mais plus largement encore, au sein de la fonction publique.
Elle sera, dit-on, bientôt présente à l’international, notamment, auprès des grands foyers d’émigration se trouvant en France, en Belgique et au Canada. Dans sa configuration actuelle, cette confédération de treize syndicats autonomes serait forte d’au minimum, quatre millions d’adhérents et sympathisants, apprend-on d’un de ses membres.
Tout à fait acquise aux idéaux de la contestation populaire qui a démarré un certain 22 février 2019, cette confédération a décidé de déployer sa puissance politique et syndicale le lundi 28 octobre 2019, à l’occasion d’une journée de protestation nationale, annoncée par un communiqué officiel à travers lequel sont exprimées des revendications mêlant prises de positions politiques et revendications sociales. Dans ce communiqué le CSA a effectivement accordé son soutien indéfectible et sans nuances au hirak, en s’engageant notamment à œuvrer à son renforcement jusqu’à satisfaction des revendications légitimes, en insistant tout particulièrement sur la libération des détenus d’opinion, la fin de la répression, l’autonomie de la justice, l’ouverture du champ médiatique et autres revendications clamées lors des manifestations populaires.
La Confédération a, par ailleurs, exigé le départ du premier ministre Nouredine Bedoui et de son gouvernement illégitime, accusé, à juste raison, de profiter de cette conjoncture trouble pour «promulguer des lois décisives qui hypothèquent l’avenir des générations futures et portent atteinte à la souveraineté nationale, à l’instar de la loi sur les hydrocarbures, du code du travail et de la loi sur la retraite. Cette grève générale (même si ce terme ne figure pas dans le communiqué), accompagnée settings et de manifestations de rues, promet de mobiliser un grand nombre de citoyens à travers tout le territoire algérien, tant les syndicats qui composent la confédération, ont toujours fait preuve d’une grande capacité de mobilisation, en dépit des obstacles que le pouvoir avait pris l’habitude de dresser devant eux.
Si cette journée nationale de contestation est un succès, le CSA va définitivement asseoir sa notoriété au point de s’ériger en interlocuteur incontournable du dialogue sociopolitique. C’est dire l’importance de cette journée de protestation qui signe l’entrée en force d’une ligue de syndicats autonomes dans champ politique, autrefois réservé exclusivement à l’UGTA. Elle constituera un événement historique qui pèsera lourd et pour longtemps, sur la manière d’exercer le syndicalisme en Algérie. Son articulation avec le hirak est de nature à lui donner une légitimité qui fera d’elle, non seulement, un partenaire social incontournable, mais aussi et surtout, un contrepoids contre les dérives dictatoriales. A l’image de la Centrale Syndicale tunisienne UGTT, le CSA est appelé à devenir une force de stabilisation politique, sur la quelle l’Algérie pourra compter en cas de graves crises.