Entre 40% et 50% des recettes actuelles de la CNAS ne sont pas récoltées, a affirmé ce dimanche 20 octobre 2019, M. Nourredine Bouderba, syndicaliste et expert des questions sociales, lors de son passage à la radio chaine 3.
Il y a une marge très importante de récolte ou de mobilisation des ressources financières au profit de la Caisse nationale des Assurances sociales des Travailleurs salariés (CNAS), a-t-il affirmé. Cette marge se situe, selon lui, entre 40% et 50% des recettes actuelles de la CNAS qui ne sont pas récoltées.
L’expert ne pense pas que le système de sécurité sociale soit en faillite, en admettant, néanmoins, que les caisses de la sécurité sociale connaissent des déficits auxquels il faut trouver des solutions. « Je ne pense pas du tout que nous sommes dans une situation où le système de sécurité sociale soit au bord de la faillite », a-t-il affirmé.
Évoquant le déficit de la CNR, l’expert a rappelé que depuis les années 1980, le gouvernement « a toujours ponctionné dans les caisses pour financer des dépenses qui n’auraient jamais dues être à la charge de la CNR et de la CNAS », citant, à titre d’exemple, le financement de la politique sociale et la politique d’aide à l’emploi.
Les raisons du déficit actuel résident, selon l’intervenant, dans une mauvaise gouvernance qui date des années 1990. Il explique par ailleurs qu’il existe un potentiel « énorme sur 20 ou 30 ans », permettant de pérenniser leur fonctionnement.
M. Boudeba a rappelé, à ce propos, que la population algérienne est très jeune, ce qui permet donc de garantir la pérennité du système sur trente ans, d’autant plus que les Algériens âgés de plus de 60 ans ne représentent que 9% et les dépenses de retraité ne dépassent pas 6% du PIB.
Situation critique des retraites en Algérie
Interrogé sur la retraite anticipée qui aurait contribué à l’aggravation du déficit, l’expert en questions sociales a rappelé que l’ordonnance qui a institué la retraite anticipée date à 1997. Or, la CNR 2000 à 2012 n’a jamais eu de problèmes, elle a toujours été équilibrée, a-t-il expliqué.
Il a rappelé, à ce titre, qu’en 2018, la masse salariale nationale était de 5.300 milliards de dinars et si, selon lui, toute cette masse salariale était soumise à la cotisation sociale dont le taux est de 34,5%, les recettes potentielles de tous les systèmes seraient de 1.825 milliards de dinars.
L’expert a expliqué que « si on enlève les 225 milliards de dinars affectés à la caisse des militaires et à la caisse des cadres supérieurs de l’Etat, il devrait rester à la CNR et à la CNAS 1.600 milliards de dinars par année », sachant que les recettes réelles s’élèvent à 1.000 milliards de dinars. Il reste donc, selon l’expert, 600 milliards de dinars « dans la nature », ajoutant que si on arrive à les mobiliser, on peut arriver à l’équilibre.
L’intervenant a dressé une situation alarmiste des retraites en Algérie. Il a en effet rappelé qu’entre 2000 et 2011, le nombre de travailleurs qui partait en retraite anticipée ne dépassait pas 17.000 travailleurs. Entre 2013 et 2015, ce nombre a atteint 35.000 travailleurs et en 2016 le nombre a grimpé à 60.000 travailleurs. A cela s’ajoute la politique de réévaluation annuelle des retraites.
Évoquant le ratio entre cotisant et retraité, M. Bouderba a réfuté l’affirmation du gouvernement qui a indiqué que le ratio était de 2,1 cotisants pour un retraité alors qu’il nous faudrait cinq cotisants.
Pour l’expert, le ratio est en réalité de 1,8 cotisant pour un seul retraité, expliquant que « nous avons 7,6 millions de salariés en Algérie, alors qu’il n’y a que 5,5 millions de salariés qui cotisent par rapport aux 3,2 millions de retraités. Selon l’expert, on pourrait atteindre l’équilibre avec 3,5 cotisants pour un retraité.