Après un silence radio long de cinq mois, l’ancien Sg du FLN Amar Saâdani sort de sa tanière et frappe plus fort que jamais en considérant le Sahara occidental comme étant marocain.
« En vérité, je considère que le Sahara [occidental] est marocain et rien d’autre. Il a été enlevé au Maroc au congrès de Berlin. »
Pour un homme qui fut dans les arcanes du pouvoir depuis plus de vingt ans, Amar Saâdani ne s’embarrasse plus de précautions, allant jusqu’à s’attaquer au sacro-saint de la politique étrangère algérienne : le Sahara occidental. L’État algérien adopte depuis 1976 des positions immuables et on ne peut plus tranchées quant à la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) sur ce territoire revendiqué par le royaume marocain.
Pour Saâdani, cependant, « l’Algérie a versé pendant cinquante ans des sommes faramineuses à ce qui est appelé le Polisario et cette organisation n’a rien fait et n’est pas parvenue à sortir de l’impasse ». Le Front Polisario lutte, rappelons-le, depuis 1973 pour la libération du Sahara occidental. Contre l’occupation espagnole d’abord, puis contre le Maroc avec qui le mouvement politique et militaire n’est arrivé à un cessez-le-feu qu’en 1991.
« L’argent versé au Polisario, avec lequel ses membres se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe, doit revenir à Souk Ahras, El Bayadh, Tamanrasset et autres villes. »
L’homme politique à la retraite depuis trois ans fait évidemment référence aux aides allouées aux réfugiés du Sahara occidental. Entre fin 1975 et 1976, des dizaines de milliers de Sahraouis avaient quitté leur territoire, fuyant la guerre vers les camps de réfugiés de Tindouf. Plus de quarante ans après, les exilés dans ces camps en Algérie continuent de nourrir l’espoir de retourner dans les territoires occupés par le royaume chérifien.
L’ouverture des frontières pour relancer l’unité maghrébine
« Je pense que la question du Sahara doit prendre fin et que l’Algérie et le Maroc doivent ouvrir leurs frontières et normaliser leurs relations. »
Pour Saâdani, en effet, la résolution du conflit saharien telle qu’il la préconise pourrait ouvrir la voie à un retour des relations algéro-marocaines à la normale. Fermée à tout passage depuis 1994, leur frontière commune constitue depuis lors un véritable « rideau de fer » entre leurs gouvernements successifs.
La conjoncture régionale est favorable, poursuit Amar Saâdani, évoquant le changement de système en Tunisie et l’élection du président Kais Saied, ainsi que les propres perspectives de changement en Algérie avec l’élection présidentielle programmée pour le 12 décembre prochain. « Tout cela peut concourir à relancer l’unité maghrébine comme l’ont voulue les vétérans du FLN et de tous les partis nationalistes, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de toute l’Afrique du Nord », conclue-t-il sans omettre de préciser que c’était son avis propre, « même s’il doit déplaire à certains ».