La Russie et l’Arabie saoudite ont scellé lundi leur entente pétrolière et prôné une coopération renforcée tous azimuts, à l’occasion d’une visite à Ryad du président russe Vladimir Poutine.
Espace, culture, santé, hautes technologies et agriculture : une vingtaine d’accords et de contrats, prévoyant ainsi des investissements pour des milliards de dollars ont été signés à l’issue de pourparlers entre M. Poutine et le roi Salmane.
Parmi eux figure la charte de coopération « Opep+ » -appellation rassemblant les 14 pays du cartel et dix pays non-membres- dont la signature a officialisé un accord approuvé il y a plusieurs mois. Ce document crucial vise à « renforcer la coopération et soutenir davantage la stabilité sur les marchés pétroliers », s’est félicité le ministre de l’Energie saoudien, le prince Abdel Aziz ben Salmane, lors d’une cérémonie solennelle, devant les deux dirigeants.
L’Arabie saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et la Russie, bien que non membre du groupe, coopèrent étroitement ces dernières années pour limiter l’offre de l’or noir et tenter d’en faire remonter le prix.
La dernière prolongation des réductions de la production, décidée par « Opep+ », expire fin mars 2020.
De la coopération militaire
Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, « la coopération militaire et technique a été évoquée » également lors de pourparlers entre Vladimir Poutine et les dirigeants saoudiens. « Un dialogue sur ce sujet sera poursuivi », a-t-il dit à la presse, sans fournir plus de détails.
En 2017, la Russie et l’Arabie saoudite avaient signé un protocole d’accord ouvrant la voie à l’achat par Ryad des S-400, de puissants systèmes de missiles antiaériens russes. Mais le royaume a finalement opté pour l’achat du système américain. « La Russie attache une importance particulière au développement de liens amicaux et mutuellement avantageux avec l’Arabie saoudite », a assuré le maître du Kremlin, accueilli en grande pompe par les Saoudiens.
Salué par des coups de canon à son arrivée à l’aéroport de Ryad, il s’est vu accompagner par des cavaliers saoudiens portant des drapeaux russes, jusqu’au palais royal. « Nous sommes impatients de travailler (ensemble) sur toutes les questions qui permettront d’aboutir à la sécurité, la stabilité et la paix, de lutter contre l’extrémisme et le terrorisme et de renforcer la croissance économique », a affirmé le roi Salmane devant son interlocuteur russe.
Ce dernier avait déjà fait l’éloge de « ses très bonnes relations avec le roi, comme avec le prince héritier » Mohammed ben Salmane, dans un entretien à des chaînes de télévision arabophones diffusé à la veille de sa visite.
Poutine s’est en outre entretenu avec le prince héritier de la « coopération bilatérale » et de divers dossiers régionaux « en particulier la situation en Syrie et au Yémen ».
Sur la Syrie, « il est important pour la Russie qu’un pays arabe participe au règlement politique », observe l’analyste politique russe Fiodor Loukianov, car jusqu’ici « seuls trois pays non arabes » sont impliqués, la Turquie, la Russie et l’Iran.
La Russie dans le rôle de « pacificateur »
Moscou et Ryad, allié traditionnel des États-Unis, ont affiché ces dernières années un rapprochement spectaculaire, marqué par une visite en Russie du roi Salmane en octobre 2017, première historique.
Un an plus tard, alors que Mohammed ben Salmane était sous le feu des critiques après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, Vladimir Poutine a salué le prince héritier saoudien d’une poignée de main enthousiaste et très remarquée à une réunion du G20.
Forte de ses relations avec Ryad et en même temps alliée à l’Iran, ennemi juré du royaume saoudien, la Russie pourrait chercher à « jouer le rôle de pacificateur » dans les tensions irano-saoudiennes, estime l’analyste Fiodor Loukianov.
Ces tensions se sont exacerbées en septembre après des attaques contre des installations pétrolières saoudiennes, attribuées par Ryad et Washington à l’Iran qui a démenti et mis en garde contre une « guerre totale » en cas d’attaque sur son territoire.
Les attaques contre les installations saoudiennes avaient été revendiquées par les rebelles du Yémen, soutenus par Téhéran et que combat l’Arabie saoudite.
La Russie avait alors balayé les « conclusions hâtives » visant l’Iran. « Nous allons tout faire pour créer les conditions nécessaires pour une dynamique positive » visant à calmer les tensions, a dit M. Poutine aux chaînes arabophones.
Après l’Arabie saoudite, Vladimir Poutine se rendra mardi aux Emirats arabes unis.
Afp