Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, évite de parler des arrestations de manifestants lors des marches contre le système et qui sont jetés en prison depuis plusieurs mois.
Il semblerait que son seul souci est de mener à terme la mission dont il est chargé dans le cadre de l’ANIE, consistant en l’organisation de l’élection présidentielle du 12 décembre prochain. Et ce, en dépit du climat politique marqué par, la répression, la vague d’arrestations et de mise en détention de manifestants et la poursuite du mouvement populaire, et aussi, en dépit des mesures d’apaisement réclamées par le Hirak, les acteurs politiques et de la société civile avant d’aller au scrutin, à savoir, le départ du gouvernement et des symboles du système, la libération des détenus d’opinion, la libération du champs médiatique et la levée des restrictions sur la liberté de circulation, particulièrement, l’accès à Alger.
En effet, Charfi, dans un long entretien accordé au journal El Watan de ce lundi 14 octobre, a esquivé deux questions en lien avec les mesures d’apaisement, les arrestations de manifestants, les détenus du Hirak et la présidentielle qu’il compte organiser.
A la question « Les Algériens réclament le départ du gouvernement Bedoui et la libération des détenus avant d’aller vers le scrutin présidentiel. Comment comptez-vous organiser ces élections sans ces préalables ? »
Le président de l’ANIE s’est contenté de répondre : « C’est vrai que le départ de ceux qu’on appelle les symboles du système était un préalable. Mais cette demande n’ayant pas abouti dans les délais, estimés par certains de raisonnables et par d’autres de faibles, et donc exprimant une opposition au scrutin, les demandes du hirak ont évolué. »
« Du rejet systématique du gouvernement, on est passé à pas d’élection avec le gouvernement, à des élections sans le gouvernement, puis à des élections avec une autorité indépendante », a-t-il dit, en ajoutant que « les demandes se sont adaptées à la réalité. Il y a eu une réponse, en initiant un dialogue que certains pourraient voir comme un verre à demi-plein et d’autres à demi-vide. Ce dialogue a regroupé de nombreux Algériens actifs sur le terrain depuis le 22 février, mais aussi des représentants de partis politiques, avant d’aboutir à la mise en place de l’ANIE. »
A une seconde question « Pensez-vous que des élections puissent être organisées dans un climat d’arrestations, de répression et de marches de contestation populaire ? »
Charfi répond : « Parallèlement à ce constat, il y a un engouement chez les jeunes à aller vers les élections. Il apparaît à travers le nombre de plus en plus élevé d’Algériens qui veulent s’inscrire sur les listes électorales ou rejoindre l’ANIE. »
« Je me sens tenu de répondre à leurs aspirations. Mais nous espérons que ce soit l’Algérie que nous avons tous dans le cœur, qui nous inspire dans nos actions et ce quelle que soit notre appréciation pour les uns ou pour les autres », a-t-il dit, sans prononcer à aucun moment les mots : détenus, arrestations, répression, …etc.