AccueilActualitéNationalCrise politique en Algérie: Périlleux bras de fer entre le hirak et...

Crise politique en Algérie: Périlleux bras de fer entre le hirak et l’état major militaire

Date:

- Advertisement -

Le bras de fer entre le peuple insurgé et le haut commandement militaire se poursuit. Il entame son huitième mois depuis son enclenchement un certain 22 février 2019 et en est à sa 32é sortie hebdomadaire nonobstant les 31 mardis de manifestations d’étudiants et professeurs d’universités.

C’est une véritable révolution nationale à laquelle ont adhéré pratiquement toutes les wilayas du pays et qui draine, chaque vendredi et mardi de la semaine, des millions d’algériens de tous âges et de toutes catégories socioprofessionnelles. Le mouvement insurrectionnel né de la contestation du 5é mandat que voulait briguer l’ex Président Abdelaziz Bouteflika, a effectivement pris progressivement la forme d’un vaste et persistant mouvement insurrectionnel, qui exige la fin du système bureaucratique et rentier actuellement gérés par des clans maffieux et l’avènement d’une nouvelle république bénéficiant d’une meilleure gouvernance et basée sur l’Etat de droit. Le rapport de force entre les belligérants (peuple et état major militaire) paraît à priori joué d’avance en faveur des dizaines de millions de citoyens insurgés opposées à une poignée d’hommes constituée de hauts gradés de l’armée et de quelques résidus de l’ère Bouteflika, qui détiennent collectivement la réalité du pouvoir. La carte aurait été rapidement jouée en faveur des insurgés s’ils avaient choisi la voie de la violence, mais à juste raison, c’est la voie pacifique qui sera choisie même si la lutte promet, à l’évidence, d’être plus longue et plus ardues face à un adversaire qui bénéficie d’une énorme logistique et de moyens de contre révolution colossaux. La voie pacifique choisie par le mouvement de contestation sera évidemment mise à profit par ce pouvoir aux abois pour retarder sa chute, voire même, tenter de rebondir par toutes sortes de manœuvres, aidé en cela par certains pays du Golfe qui, à l’instar des Émirats et de l’Arabie Saoudite, disposent aujourd’hui encore de forts pouvoirs de nuisance en Algérie. C’est précisément ce explique la durée (plus de 7 mois) de ce mouvement insurrectionnel, malgré la force populaire incontestable qu’il recèle et qui progresse chaque semaine un peu plus.

Comme nous avons pu le constater sur place  ce vendredi 27 septembre 2019 à Alger, ce mouvement insurrectionnel a gardé intacte sa capacité de mobilisation et son aptitude à ratisser large dans toutes les franges de la société algérienne. Ses mots d’ordre sont pertinents et constamment remis au goût de l’actualité et des préoccupations politiques du moment. Il rappelle à chacune de ses sorties qu’il ne lâchera pas prise sur le pouvoir et qu’il atteindra son objectif de dégager ce système décadent pour le remplacer par une nouvelle république dirigée par des personnes compétentes et légitiment élues. Il tient à son caractère pacifique, préférant patienter autant de temps que nécessaire, plutôt que de verser ne serait-ce qu’une seule goute de sang. La répression et les intimidations qu’il subit sont considérées comme le prix à payer à cette révolution qui améliorera le sort des algériens. Les réserves en citoyens acquis aux idéaux de la révolution du 22 février, sont si grandes (plus de 40 millions d’algériens) qu’elle n’a absolument rein à craindre du coté de la mobilisation, quand bien même, la répression prendrait une tournure dramatique. Le mieux pour le haut commandement militaire aurait été de demander au hirak de déléguer des représentants pour négocier la meilleure issue à la crise, mais le chef d’état major a choisi la voie autoritaire d’une élection pleine d’arrières pensées et, par voie de conséquences, pleines de périls. Une véritable provocation à l’égard de millions d’algériens qui lui indiquent depuis plusieurs mois, à coups de gigantesques manifs, comme celle de ce vendredi, le chemin qu’ils ont souverainement choisi de suivre.

La manifestation de ce vendredi a, effectivement été gigantesque. Elle a drainé au bas mot plus d’un million de citoyens. Elle a démarré plus tôt que d’habitude le matin dans l’hypermarché centre de la capitale. La rue Didouche Mourad et place Maurice Audin étaient déjà noires de monde à 11heure. Parmi les slogans:  « Pas de vote avec les issabates, le peuple exige la chute de Gaid Salah, État civile et non militaire, libérez les otages, le peuple veut son indépendance, pouvoir assassin…».

A 15 heures, tous les parcours autorisés de la capitale, étaient déjà saturés. Ne pouvant plus avancer les manifestants faisaient du sur place, en scandant des slogans en grande partie dirigés contre le chef d’état major de l’armée, dont on exige le départ. Le trop plein les contraint à faire le chemin inverse dans une ambiance festive, mais provocante à l’égard du pouvoir, qui rappelle celle des stades. Pour la première fois depuis le déclenchement du Hirak, toutes les ruelles proches de l’avenue Didouche Mourad (Victor Hugo, Burdeau, Ferhat Boussad ex Meissonnier..), sont envahies par des milliers de manifestants, parmi lesquels, de très nombreuses femmes de tous âges. La bannière amazighe refait discrètement apparition au milieu des foules compactes. Slogans et youyous fusent depuis les rues et les balcons. A vous donner des frissons !  Des milliers de jeunes conduisent la manif à coups de slogans chantés au rythme des darboukas  « Le pouvoir algérien a pris la place du colon, Etat civil et non militaire, les jeunes ne vous lâcheront pas, imazighens Casbah-Bab El Oued, nous vous défierons tous les vendredis même si vous nous tirez dessus, Benflis et Tebboune allez chercher vos parrainages aux Emirats.. », clament-ils. Vraiment impressionnant!

Comme on le constate le Hirak n’arrête pas de prendre de l’ampleur au gré des semaines, aussi bien à Alger que dans toutes les villes du pays, celles du sud y comprises. N’est t-il pas temps pour Ahmed Gaid Salah d’en tenir compte, ne serait-ce, que pour éviter l’affrontement auquel les arrestations, les intimidations et le forcing électoral, peuvent objectivement conduire ?? Les tragiques événements du Soudan devraient le lui rappeler!!

- Advertisement -
Articles associés

Derniers articles