La présidente du parti l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Me Zoubida Assoul est revenue sur les mécanismes de l’Autorité nationale indépendante des élections et son incapacité à organiser la présidentielle en un temps si court, c’est-à-dire dans trois mois.
« L’heure est grave dans notre pays, et ce, depuis le discours du chef de l’Etat et la convocation du corps électoral mais aussi la date de la tenue des élections présidentielles pour le 12 décembre », a indiqué Me Zoubida Assoul, dans une vidéo postée, ce mercredi 18 septembre 2019, sur sa page Facebook.
Pourquoi l’heure est grave?, pour la présidente de l’UCP « ces élections viennent dans un moment où il n’y a pas eu de dialogue national entre les différentes parties, alors que depuis très longtemps, depuis le début de cette révolution pacifique, nous n’avons pas cessé d’appeler au dialogue, mais, un dialogue inclusif qui permettra à l’Algérie de découdre définitivement avec ce système en place, et de mettre tout un gouvernail pour partir sur de bonnes bases, et construire en fin l’Etat des institutions et l’Etat de droits », a-t-elle expliqué.
« J’ai étudié les textes qui ont été adoptés à une vitesse extraordinaire, puisqu’en six jours, ces deux textes de lois organiques, éminemment importantes qui vont encadrer les élections présidentielles, ont été élaborées, adoptées, rédigées et publiées dans le journal officiel en six jours, du 9 jusqu’au 14 septembre. A partir de là, je me suis dit qu’il faut aller dans le fond et regarder qu’est-ce qu’il y a dans le contenu de ces deux textes de lois », a noté Me Assoul.
« En fait, ces deux textes de lois nous instituent une nouvelle autorité qui s’appellerait »l’Autorité nationale indépendante des élections », qui est d’abord anticonstitutionnelle, puis que le pouvoir nous rappelle à chaque fois qu’il respecte la Constitution en vigueur, et la deuxième des choses, c’est que dans son contenu, il est quasiment impossible que cette institution puisse organiser, contrôler et proclamer les résultats des élections présidentielles en si peu de temps », a-t-elle expliqué.
Pourquoi ? « Pour des raison tout à fait objectives et techniques. N’oublions pas qu’en Algérie, il y a 48 wilayas, 1541 communes, il y a des ambassades, des consulats, nous avons une Diaspora très importantes dans toutes les régions du monde, et que, aujourd’hui, pour organiser des élections, il va falloir qu’il y est au niveau de cette institution des démembrements au niveau de toutes ces régions du pays, ces communes et cette représentation diplomatique à l’étranger », a précisé Me Zoubida Assoul.
Elle a estimé que «cela prendra énormément de temps ». Parce que, a-t-elle ajouté, « il faut réunir tout ce monde-là, il faut qu’ils étudient cette loi, qu’ils la comprennent avant de l’appliquer. Pour l’appliquer aussi, il va falloir beaucoup de temps, parce que, l’organisation des élections présidentielles pour 60 000 bureaux de votes en Algérie ce n’est pas une mince affaire. Cela demande du temps, de la technicité, de la compétence, de la formation spécifique qui est comment organiser, comment contrôler et proclamer des résultats. Ça sur le plan technique », a-t-elle soutenu.
Sur le plan politique, a poursuivi la présidente de l’UCP, « c’est qu’on ne peut en aucun lieu organiser des élections présidentielles dans des conditions qui sont les nôtres aujourd’hui : La répression qui bat son plein, les arrestations de tous les activistes de la révolution pacifique dans toutes les régions du pays, les menaces qui pèsent sur ces activistes, mais aussi, l’incarcération des politiques, on a commencé par Karim Tabbou, ensuite, c’est Benlarbi Samir, et on ne sait pas vers qui ça va aller dans les prochains jours », a-t-elle souligné, avant de s’interroger : « Est-ce que c’est vraiment un environnement propice à l’organisation des élections ? », ajoutant que « on ne doit pas oublier aussi que les gens qui sont déjà en prison sur lesquels, on avait demandé, nous, en tant qu’opposition de prendre les mesures d’apaisement, de relâcher les jeunes qui sont en prison depuis plusieurs mois… On ne peut pas franchement aller vers des élections. Et on ne doit pas oublier le dernier élément qui est fondamental, c’est que le peuple qui continue de sortir depuis 7 mois, rejette totalement ces élections, parce que, il considère qu’il est impossible d’organiser des élections avec les mêmes symboles du système, qui sont en place, mais aussi, avec les mêmes pratiques et également, qu’on regarde la composante de cette Instance, ce sont les gens du système qui ont été recyclés et présentés aujourd’hui, comme des garants pour des élections libres et indépendantes », a-t-elle expliqué.
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