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Élection présidentielle: Quelle riposte face au forcing du pouvoir?

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Ce qui n’était, il y a peu de temps, qu’une hypothèse est aujourd’hui une certitude. Le corps électoral sera bel et bien convoqué dans les tout prochains jours (probablement le dimanche 15 septembre 2019) par le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah qui s’attelle, depuis quelques jours, à peaufiner l’arsenal juridique nécessaire au bon déroulement du processus électoral.

La haute hiérarchie du pouvoir ne cache même plus cette intention depuis que le vice ministre de la Défense nationale et chef d’état major de l’armée, véritable détenteur du pouvoir politique depuis la démission de l’ex président Abdelaziz Bouteflika, a dressé une feuille de route, sommant le gouvernement de faire élire le prochain président de la république algérienne, avant la fin de cette année. Les choses se sont dés lors précipitées avec, notamment, la remise au chef de l’Etat par intérim du rapport du panel de Karim Younes qui, comme on le sait a été conçu pour épargner à Bensalah le recours à une conférence nationale de dialogue, qui risque de lui faire faux bon cette fois encore, comme ce fut le cas pour l’élection ratée du 4 juillet 2019. Plus besoin donc de cette rencontre à haut risque pour organiser le prochain scrutin que Abdelkader Bensalah peut donc dores et déjà envisager sans devoir s’encombrer de cette dangereuse formalité.

Plus rien ne l’empêche désormais de passer directement à l’action et c’est précisément ce qu’il vient de faire en convoquant, ce lundi 9 septembre 2019, un Conseil des ministres à l’effet d’endosser les deux premiers projets de lois devant régir le prochain scrutin présidentiel. Il s’agit, on l’a compris, de la loi relative à la création d’une autorité électorale nationale indépendante et celle relative au nouveau régime électoral devant remplacer celui de 2016 devenu incompatible depuis le déclenchement de la révolution du 22 février dernier, à l’occasion de laquelle le peuple algérien a formulé des exigences que le pouvoir ne saurait ignorer.

Conçus sous formes d’ordonnance présidentielles, ces deux projets de loi que le Conseil des Ministres vient d’endosser, seront très prochainement transmis au Parlement qui, très certainement, se dépêchera de les adopter.  Sauf retournement spectaculaire de conjoncture, Abdelkader Bensalah, devrait donc convoquer le corps électoral dimanche prochain comme l’avait « souhaité » dans un langage martial à peine voilé, le chef de l’état major militaire. Il ne subsiste donc aujourd’hui, aucun doute à ce sujet. Le processus électoral se mettra en branle et de manière accélérée dans la semaine à venir et ce n’est, certainement pas, la contestation populaire en sa forme actuelle qui l’en empêchera.

Les leaders horizontaux du Hirak, ceux des partis d’opposition, des syndicats autonomes, des étudiants et intellectuels ne devraient donc plus avoir de doute, comme c’est encore aujourd’hui le cas au sein de certains partis politiques,  sur la détermination du haut commandement militaire et du gouvernement qui lui est totalement soumis, à mettre en  branle ce processus avec, dit-on, la ferme intention d’imposer un candidat préalablement choisi. Il est donc aujourd’hui plus que sûr que le pouvoir organisera le scrutin présidentiel en décembre prochain, avec la très plausible hypothèse d’un candidat à faire, coûte que coûte, élire. Les médias évoquent déjà avec insistance les noms d’Ali Benflis et depuis peu, celui de Abdelmadjid Tebboune.

Toutes les parties prenantes de la révolution du 22 février ne peuvent par conséquent pas dire qu’elles ne le savaient pas. Laisseront-elles faire? Y aurait-il de nouvelles formes de lutte? Quelle sera la réaction des partisans de la période transition face à ce forcing du pouvoir, sachant que si cette élection a lieu dans les conditions mises en œuvre par l’administration centrale, elle sera d’avance gagnée par le candidat choisi par les généraux, quand bien même, le nombre d’électeurs serait faible. Si le Hirak ne trouve pas les moyens de contrer ce forcing, cela pourrait produire une déferlante de ralliements et de soutiens au pouvoir, auxquels certains partis politiques et associations, nous avaient habitués. Le probable limogeage du très contesté premier ministre Nourdine Bedoui, achèvera de convaincre les opposants les moins durs  à ce processus électoral, de la bonne volonté d’Abdekader Bensalah d’organiser des élections honnêtes et, par conséquent, de la nécessité de l’aider dans son action. Par ailleurs, il est à craindre que les partis d’opposition n’aient à proposer comme parade à ce forcing que l’abstention. Ce qui à l’évidence, arrangerait le pouvoir, qui sait pertinemment qu’il peut valider ce scrutin, quand bien  même, le nombre de votants serait très faible, pour la simple raison que la loi électorale en vigueur, n’établit pas de limites.

Comme viennent de nous l’affirmer un politologue et un éditorialiste de la presse écrite, qui suivent de près le Hirak, «  seule une immense démonstration de force du Hirak, confortée par une grève générale que le pouvoir ne pourrait  pas feindre d’ignorer, seraient en mesure, dans l’état actuel des choses, de peser sur le cours des événements, en contraignant le pouvoir à renoncer à organiser lui-même l’élection présidentielle. Le poids du hirak, qui ne fait en réalité que réclamer des droits reconnus par la constitution, pourrait alors faire valoir ce qu’il réclame, depuis bientôt sept mois, à savoir, le droit d’organiser lui même l’élection présidentielle en la confiant à une instance de transition constituée de personnalités fiables, à même de garantir la probité du scrutin.

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