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Point de situation sur l’e-gouvernement et ses solutions pour une meilleure gouvernance en Afrique

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20 ans après, les promesses d’e-gouvernement peinent toujours à se concrétiser en Afrique. En 2004, plusieurs pays du continent avaient décidé d’adopter les TIC pour  améliorer la qualité d’accès des populations aux services publics, pour renforcer la participation citoyenne à la gestion des affaires publiques, doper le fonctionnement global du gouvernement dans le but de garantir la bonne gouvernance qui impulserait un développement durable. Mais deux décennies plus tard, l’e-gouvernement n’est vraiment implémenté que dans 6 pays africains. Constat.

Alors que l’innovation numérique et les TIC offrent de plus en plus d’opportunités d’affaires et contribuent de diverses manières au développement socio-économique des populations en Afrique, le domaine de la gouvernance publique; pièce angulaire de toute croissance durable sur le continent; semble demeurer celui où le pouvoir transformateur des TIC se fait le moins ressentir. Le constat est fait, entre autres, par l’ONU dans son dernier rapport sur l’indice de développement de l’e-gouvernement. 

L’e-gouvernement offre les solutions les plus efficaces contre la corruption et la mal-gouvernance.  

Le gouvernement électronique, initié depuis 2004 à travers l’Afrique, devait introduire des changements importants et durables dans la manière dont les citoyens interagissent avec l’administration publique, réinventer les processus administratifs pour améliorer l’interaction entre les entreprises, renforcer la participation des citoyens, garantir l’efficacité, la transparence et la célérité dans la gestion des affaires publiques. Mais aujourd’hui encore, l’Afrique se situe loin derrière le reste du monde bien que sa moyenne ait légèrement progressé (0,3433). Même l’Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance le confirme, de nombreux efforts restent à faire. Très peu pays atteignent la note moyenne.

Plusieurs freins à lever 

Le retard de l’Afrique dans l’e-gouvernement, les Nations Unies l’explique par la lenteur du continent à développer l’infrastructure télécoms à haut débit sur lequel adosser les services dématérialisés. L’Onu estime que seul près de 25% de la population africaine a accès à Internet alors que la proportion est de 80% en Europe. De plus, l’investissement consentis dans le réseau par divers pays est encore largement focalisé sur l’amélioration des services télécoms de base. Dans la grande majorité des pays africains, les systèmes de gouvernance électronique sont encore embryonnaires, et pour les nations qui ont déjà réalisé des progrès dans la mise en ligne de quelques services, la cherté de la connectivité se révèle aussi comme un autre défi. Il est à noter que les services en ligne font encore défaut à près de 70% dans de nombreux pays et même totalement dans d’autres. L’essentiel de l’investissement consenti par les nations est encore centré sur le développement des secteurs jugés prioritaires tels que les infrastructures routières, sanitaires, l’énergie, la sécurité, les transports, l’éducation.

Actuellement, en matière d’e-gouvernement, seules six nations africaines tirent leur épingle du jeu. Il s’agit de l’Afrique du Sud, Ghana, Maurice, Maroc, Seychelles et Tunisie. Ces pays ont réussi à faire de l’e-gouvernement un pilier essentiel de leur croissance multisectorielle.

Le meilleur moyen d’améliorer la gouvernance

Pour l’Afrique, qui a fait des TIC un levier majeur de son essor économique, il serait temps de concrétiser une fois pour toute leur impact dans la gouvernance publique. Parce que l’e-gouvernement tarde à se mettre en place et à jouer pleinement le rôle qui lui est échu, l’Afrique demeure encore l’un des continents où la corruption sévit avec acuité, selon Transparency International. Les nombreuses actions engagées depuis plusieurs années pour combattre ce fléau ne portent pas de fruits. La lutte est au point mort dans la plupart des nations africaines d’après Patricia Moreira, la directrice générale de Transparency International, qui explique que « la corruption effrite la démocratie et produit un cercle vicieux en sapant les institutions démocratiques ».

Dans son Democracy Index 2019, The Economist Intelligence Unit révèle que les performances de la majorité des pays africains demeurent faibles et les crises politiques tendent même à se durcir davantage. L’environnement des affaires paie aussi le prix du manque de bonne gouvernance que pourrait garantir le gouvernement électronique. D’ailleurs, seuls les quelques pays qui affichent des performances appréciables dans l’e-gouvernement sont considérés par le Doing Business Index du groupe de la Banque Mondiale comme les meilleures destinations d’affaires du continent.Pour Eddy Maloka, président directeur général du mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) ; instrument de suivi des performances en matière de gouvernance des États membres, créé en 2003 par les dirigeants africains sous les auspices de l’Union africaine, « la bonne gouvernance est la solution aux problèmes que nous avons sur notre continent. Les problèmes de paix et de sécurité sont en grande partie la manifestation de problèmes de gouvernance, tels que la manière dont nous gérons nos élections. Même les questions relatives au terrorisme, à la gestion de la diversité, au développement et à d’autres relèvent de la gouvernance. La bonne gouvernance en Afrique est un catalyseur. Il y a un goulot d’étranglement s’il n’y en a pas. Donc, la gouvernance est la clé. La gouvernance est la voie par laquelle l’Afrique doit revendiquer son siècle ».

Ecofin

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